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Rome : la chapelle Sixtine (Vatican)

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3. Les fresques des murs de la chapelle

Introduction
La série des Papes
Les fresques des murs

3.3. Les fresques des murs

3.3.1. Les cycles

Chapelle Sixtine : les mur nord (en haut) et sud (en bas
Chapelle Sixtine : les mur nord (en haut) et sud (en bas

Originellement, les murs nord et sud de la chapelle, ainsi que le mur d’entré et le mur de l’autel, sont décorés de fresques par divers artistes de la fin du Quattrocento. Elles présentent le cycle de Moïse sur le mur sud, et le cycle du Christ sur le mur nord, chaque scène du cycle se correspondant, avec des tituli (inscriptions) expliquant ces correspondances.

On obtient ainsi les correspondances suivantes, en partant de l’autel et en se dirigeant vers l’entrée de la chapelle :

Mur sud

Mur nord

Voyage de Moïse en Egypte

Le baptême du Christ

Meurtre du soldat égyptien,
Protection des filles de Jethro,
Buisson ardent 

La tentation du Christ
La purification des premiers lépreux

Le passage de la Mer Rouge

L’appel des premiers apôtres

La remise des tables de la Loi

Le discours sur la Montagne

Le châtiment de Coré, Dathan et Abiron

La remise des clefs à saint Pierre

Le testament et la mort de Moïse

La Cène

La dispute autour du corps de Moïse

La résurrection du Christ

Sous chaque panneau des histoires a été réalisée une tenture en trompe l’oeil avec les insignes de Sixte IV.

3.3.2. Le cycle de MoĂŻse

3.3.2.1. Le retour de Moïse en Egypte: « Le Perugin » et « Pinturicchio »

Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican

La fresque est située dans le premier compartiment près de l’autel sur le mur sud. Elle a été réalisée (vers 1482) par Pietro di Cristoforo Vannucci dit « Le Pérugin » (1450-1523) et Bernardino di Betto, le « Pinturicchio » (1450-1513), ce dernier étant probablement l’auteur du paysage et des scènes mineures.

Le thème de cette composition a rarement été développé en peinture et fait référence à l’épisode (Exode, IV, 18-26) où Moïse, en exil au « pays de Madian », prend congé de son beau-père qui l’a recueilli et dont il a épousé la fille, Séphora. Dieu l’a en effet sollicité pour retourner en Egypte afin d’y délivrer le peuple d’Israël (scène centrale).

Au premier plan, à gauche une scène raconte l’épisode le la rencontre entre Moïse et l’ange envoyé pour le punir de ne pas avoir circoncis son second fils et à droite, la scène de la circoncision d’Eliezer, ce même fils.

La fresque qui lui fait face est celle du Baptême du Christ, réalisés par les mêmes peintres. Ainsi les deux fresques veulent montrer combien la nouvelle religion inaugurée par le baptême du Christ est plus profonde et plus spirituelle de la religion juive. Selon saint Augustin et de nombreux Pères de l'Église, le baptême est en effet préfiguré par la circoncision, et est lui-même perçu comme une « une circoncision spirituelle. »

Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Détail. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Détail. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Détail. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Détail. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican

3.3.2.2. Episodes de la vie de Moïse : Sandro Botticelli

Botticelli : Scènes de la vie de Moïse. 1481-1482. Fresque, 348,5 x 558 cm Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : Scènes de la vie de Moïse. 1481-1482. Fresque, 348,5 x 558 cm Chapelle Sixtine, Vatican

Cette composition (1481-1482) relate différents événements de la vie de Moïse d’après le récit de l’Exode (Exode II ; III, 1-6 et XIII-XIV). Botticelli intègre habilement sept épisodes de la vie du jeune Moïse dans le paysage, en utilisant des diagonales Les 7 scènes représentées doivent être lues de droite à gauche :

  • MoĂŻse tue l'Egyptien qui avait maltraitĂ© un HĂ©breu ;
  • MoĂŻse s’enfuit au pays de Madian ;
  • MoĂŻse protège les filles de JĂ©thro de bergers malveillants ;
  • MoĂŻse aide les filles de JĂ©thro Ă  abreuver leur troupeau ;
  • MoĂŻse fait paĂ®tre le troupeau de son beau père JĂ©thro ;
  • MoĂŻse retire ses sandales et se prosterne devant le buisson ardent ;
  • MoĂŻse conduit les HĂ©breux vers la mer Rouge.

Cette fresque, se trouve en face de celle qui dépeint les tentations du Christ dans le désert, également peinte par Botticelli. Les deux fresques sont liées par le thème commun de la vocation et de la tentation, dans lesquels le désert joue un rôle primordial.

La scène centrale, dans laquelle Moïse fait boire le troupeau appartenant aux filles de Jéthro l'une d'elles, Séphora, deviendra plus tard sa femme - est l'une des plus belles de l'ensemble du cycle. Selon l’interprétation traditionnelle, il s'agit d'une référence au Christ, pasteur de son Église.

Botticelli : Scènes de la vie de Moïse. 1481-82. Fresque, 348,5 x 558 cm Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : Scènes de la vie de Moïse. 1481-82. Fresque, 348,5 x 558 cm Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : Scènes de la vie de Moïse. Détail : Moïse mène le peuple vers la Mer Rouge. 1481-1482. Fresque, 348,5 x 558 cm Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : Scènes de la vie de Moïse. Détail : Moïse mène le peuple vers la Mer Rouge. 1481-1482. Fresque, 348,5 x 558 cm Chapelle Sixtine, Vatican

3.3.2.3. La traversée de la Mer Rouge: Cosimo Rosselli et Biagio di Antonio

Cosimo Rosselli : la traversée de la mer Rouge. 1481-1482. Fresque, 350x572cm. Vatican, chapelle Sixtine.
Cosimo Rosselli : la traversée de la mer Rouge. 1481-1482. Fresque, 350x572cm. Vatican, chapelle Sixtine.

La scène (Exode XIV, 15-31) commence dans le fond à droite, alors que Moïse et Aaron tentent de convaincre Pharaon de libérer le peuple d'Israël. Suit la description des fléaux s’abattant sur l'Egypte. Les Hébreux ayant franchi sans encombres la Mer Rouge apparaissent sur la partie gauche de la composition alors que l’armée égyptienne s’abîme dans les flots de la Mer Rouge.

S'élevant au-dessus des flots, le pilier de feu avec lequel Dieu a plongé dans la peur l'armée des Egyptiens. La femme agenouillée au premier plan est la prophétesse Miriam, qui joue du tambourin et remercier Dieu, sauveur de son peuple. Le vieillard tenant une relique, à droite de Moïse, est le cardinal Bessarion ; le jeune homme en noir, à la gauche du prophète, est Piero di Cosimo ; le guerrier pratiquement de dos est Roberto Malatesta.

3.3.2.4. La remise des tables de la loi et le veau d’or : Cosimo Rosselli

Cosimo Rosselli : les tables de la loi et le veau d’or. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : les tables de la loi et le veau d’or. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

La transmission de la loi est présentée dans le quatrième compartiment des murs sud et nord, les deux fresques étant peintes par Rosselli en 1481-1482. A la scène du Sinaï fait face le Sermon sur la montagne.

Dans la fresque du Sinaï, en haut sur la droite, Yahvé remet à Moïse les tables de la loi, alors que plus bas dort Josué. A gauche, Moïse et Josué, redescendus de la montagne, présentent la loi au peuple. Plus vers la droite, Moïse fracasse les tables de la loi : il vient de découvrir que les Israélites, avec le soutien d’Aaron adorent le veau d’or (centre de la fresque). A droite et à l’arrière plan, les idolâtres sont punis de mort. A gauche, lui fait face une scène décrivant sans doute Moïse de retour auprès des tentes avec les tables de la Loi.

3.3.2.5. Le châtiment de Coré, Datan et Abiram : Sandro Botticelli

Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
p>Cette fresque du cinquième compartiment représente deux évènements de la révolte contre Moïse et l'autorité de la Loi. L'arc de Constantin apparaît au centre de la composition. Les deux personnages au centre de la fresque derrière Moïse sont Alexandre Farnèse et Pomponius Laetus. En arrière plan, à gauche, l'homme en noir est un autoportrait de Botticelli.

Le message de ce tableau fournit la clé de la compréhension de la chapelle Sixtine dans son ensemble avant le travail de Michel Ange : la thématique de l’autorité papale sur l’Eglise. La fresque reproduit trois épisodes du séjour du peuple élu dans le désert, chacun représentant une révolte des Hébreux contre Dieu et ses représentants Moïse et Aaron, ainsi que le châtiment divin frappant les agitateurs.

A droite, les révoltés tentent de lapider Moïse décrit comme un vieillard barbu, vêtu d'une robe de couleur jaune et d’un manteau vert olive. Irrités de leur longue pérégrination dans le désert, ils exigent la démission du patriarche et son remplacement. Ils menacnet le vieillard avec des pierres. Josué fait de son corps un rempart protecteur.

Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Le centre de la fresque montre la rébellion des fils d’Aaron et de certains Lévites, sous la direction de Coré, contre l’autorité du grand prêtre Aaron, alors qu’ils offrent l’encens sur l’autel de Dieu. En arrière-plan, Aaron, plein de dignité solennelle, encense l’autel. A gauche, les rebelles, chassés de l’autel par le bâton de Moïse, sont châtiés et engloutis par la terre qui s’entrouvre, alors que les deux fils innocents de Corè sont épargnés du courroux divin et flottent sur un nuage.

Le message principal de ces scènes est révélé par l'inscription du champ central de l'arc de triomphe et qui signifie très clairement : la malédiction divine s’abattra sur quiconque touche à celui que Dieu a appelé pour diriger, comme Aaron ! Cet avertissement se rapporte naturellement au contexte politique troublé de l’époque : à travers le portrait d’Aaron, peint sous les traits et habit du pape, c’est l’autorité suprême du Pape sur l'Eglise qui est en jeu : or cette autorité repose sur le geste du Christ remettant à Pierre les clefs du royaume des cieux et lui accordant protection pour l’Eglise naissante, scène que Le Pérugin décrit précisément sur la fresque faisant face à celle de Botticelli juste en face de la fresque de Botticelli.

Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli  Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

3.3.2.6. Le testament et la mort de Moïse : Luca Signorelli et Bartolomeo Della Gatta

Signorelli – Della Galla : Le testament et mort de Moïse. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Signorelli – Della Galla : Le testament et mort de Moïse. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

La fresque reprend l’histoire des derniers jours de Moïse (Deutéronome V, 1; XXXI, 1-8; XXXIV, 1).

Au premier plan, à droite de la composition, Moïse remet le bâton de Commandement à Josué. En arrière plan, de droite à gauche, l'ange montre la Terre Promise à Moïse, le prophète descend du mont Nébo et est étendu sur le sol, mort et pleuré par ses proches durant trente jours. Lucas Signorelli, auteur du tableau, s'est représenté sous la forme du troisième personnage de la première scène en partant de la gauche.

Signorelli – Della Galla : Le testament et mort de Moïse. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Signorelli – Della Galla : Le testament et mort de Moïse. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Signorelli (1450-1523) a un peu plus de trente ans, lorsqu’il commence à participer à la décoration de la Chapelle Sixtine. Son nom en effet ne figure pas parmi le groupe d’artistes toscans et ombriens (Cosimo Rosselli, Botticelli, Ghirlandaio et le Pérugin), qui signent le 27 octobre 1481 le contrat pour la décoration des murs latéraux de la chapelle. Il n’est donc pas l’auteur unique de cette fresque, même si Vasari est absolument certain qu’il y a participé. La fresque est en effet en grande partie l'œuvre de Bartolomeo della Gatta (1448-1502), son style se reconnaissant par l’utilisation de couleurs vives et de subtils éclairages. La main de Signorelli se reconnaît cependant dans de nombreux personnages de la fresque, qui véhiculent une grande énergie et de puissantes émotions : ainsi le jeune homme nu assis, au milieu du premier plan, les deux personnages tournant le dos au spectateur ou l’homme tenant un bâton et s’appuyant sur le siège de Moïse….

3.3.2.7. La dispute autour du corps de Moïse : Matteo Perez d'Aleccio

Matteo da Lecce : la défense du corps de Moïse. Vers 1574. Fresque. Chapelle Sixtine, Vatican
Matteo da Lecce : la défense du corps de Moïse. Vers 1574. Fresque. Chapelle Sixtine, Vatican

Cette fresque a été réalisée par le peintre Matteo Perez d'Aleccio, dit Matteo da Lecce (1547-1616), en 1574, soit 10 ans après la mort de Michel Ange. Da Lecce a fait ses premiers pas à la chapelle Sixtine, alors qu’il était en apprentissage auprès du maître vieillissant. Sa fresque remplace en fait l’originale, réalisée par Luca Signorelli, qui avait été détruite.

La scène met aux prises Satan et ses troupes qui disputent le corps de Moïse aux anges menés au combat par saint Michel : symbole préfigurant la scène de la résurrection et du jugement dernier.

Avec cette fresque s’achève le cycle de Moïse.

3.3.3. Le cycle du Christ

3.3.3.1. Le baptême du Christ : le Pérugin - Pinturicchio

Le Pérugin : le baptême du Christ. Détail. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le baptême du Christ. Détail. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Le Baptême du Christ, qui fait face à la circoncision du fils de Moïse, occupe le centre de la composition. Le titulus se réfère directement à l'évènement. La fresque est l’œuvre de Pietro Pérugin et de Pinturicchio, ce dernier étant sans doute l’auteur du paysage et de scènes mineures en arrière plan : respectivement à gauche et à droite, le Christ et Jean-Baptiste prêchant. La signature de l'artiste principale, Le Pérugin, apparaît sur le cadre en marbre au-dessus du médaillon qui renferme Dieu bénissant.

Le sens de la scène est très clair, au regard de la scène de l’Ancien Testament qui lui fait face : la nouvelle religion du Christ est plus profonde et plus spirituelle que l’ancienne religion juive.

Le Pérugin : le baptême du Christ. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le baptême du Christ. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le baptême du Christ. Détail. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le baptême du Christ. Détail. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican

3.3.3.2. Les trois tentations du Christ : Sandro Botticelli

Botticelli : les trois tentations du Christ. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : les trois tentations du Christ. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

La fresque que Botticelli commence en juillet 1481 est la troisième scène du cycle du Christ. Elle décrit la triple tentation du Christ par le diable, telle qu’elle est décrite dans l'Évangile de Matthieu. En haut à gauche, sur la montagne, Satan, déguisé en moine, demande au Christ de transformer les pierres en pain ; au centre, debout sur le temple en compagnie du Christ, il tente de le persuader de se jeter dans le vide ; à droite enfin, il montre au Fils de Dieu toute les richesses du monde et lui propose d’en devenir le maître. Mais le Christ repousse le diable qui, au bord du rocher, révèle sa véritable forme diabolique et fuit, alors que trois anges ont dressé l’autel pour la célébration de l'Eucharistie.

Cette dernière scène n’est compréhensible qu’au regard de ce qui se passe à l’avant plan : on y voit à gauche le Christ à nouveau en compagnie de trois anges : il leur explique apparemment la scène qui se passe au premier plan de la fresque. Il s'agit de la célébration du sacrifice juif qui a lieu quotidiennement devant le Temple conformément à l'ancienne coutume. Le grand prêtre y reçoit un bol rempli du sang sacrificiel, alors que plusieurs fidèles apportent en offrande des animaux et du bois pour le bûcher.

Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

À première vue, l'inclusion de cette scène sacrificielle juive dans le cycle du Christ laisse perplexe ; il faut en trouver l’interprétation théologique et symbolique que fait l’église du sacrifice vétérotestamentaire : il est en effet la préfiguration du sacrifice du Christ, de sa crucifixion et de sa résurrection pour la rédemption de l'humanité, sacrifice du Christ que chaque jour les chrétiens célèbrent autour de la table de l’Eucharistie…

Parmi la foule qui compose la scène sacrificielle juive, la jeune femme à gauche au premier plan qui transporte sur sa tête un panier avec les poules est connue : il s’agit d’Abra, la servante qui porte la tête d’Holopherne dans le tableau « Le Retour de Judith à Béthulie » que Botticelli avait peint une dizaine d'années auparavant (1472, musée des Offices, Florence). L’artiste s’est probablement inspiré de la même Abra pour peindre la jeune fille à gauche qui apporte du bois pour le sacrifice. Ces similitudes conduisent à l'hypothèse que Botticelli ait gardé les esquisses de ses compositions et de ses personnages, disposant ainsi d’un « stock » pour ses compositions ultérieures… En revanche, le petit garçon tenant une grappe de raisin qui est effrayé par un serpent, Botticelli en a tiré le modèle des thèmes de la sculpture hellénistique

Parmi les nombreux portraits qui composent l'assistance, se trouve Girolamo Riario, condottiere du pape, avec son bâton de commandement.

Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

3.3.3.3. L’appel des apôtres Pierre et André : Domenico Ghirlandaio

Domenico Ghirlandaio : L’appel des apôtres Pierre et André. 1481. Fresque, 349-570. Vatican, Chapelle Sixtine
Domenico Ghirlandaio : L’appel des apôtres Pierre et André. 1481. Fresque, 349-570. Vatican, Chapelle Sixtine

La fresque de l’appel des apôtres Pierre et André se trouve dans le troisième compartiment du mur nord. Elle est l’œuvre de Domenico Ghirlandaio, qui a par ailleurs réalisé une seconde fresque, celle de la Résurrection du Christ, sur la partie droite du mur d’entrée. Cette fresque représentait la Résurrection. Elle fut entièrement détruite en 1522 lorsque le mur s’effondra…

La fresque est divisée en deux zones : au premier plan, l’artiste décrit plusieurs groupes de personnages, soigneusement ordonnés. Au centre le Christ bénit les premiers apôtres, Simon Pierre et André à genoux ; ils le suivent et apparaissent à nouveau à l'arrière-plan sur la droite. Là, ils sont témoin de l’appel par le Christ de Jacques et de Jean, assis dans une barque avec leur père Zébédée et réparant leurs filets. Cette scène de l’appel, particulièrement la description des personnages dans leurs amples habits est une réminiscence et un hommage à la fresque de Masaccio réalisée dans la chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine à Florence entre 1424 et 1428, spécialement la scène de la redevance due au temple lors du séjour du Christ à Capharnaüm.

Le groupe de femmes à gauche, dont la femme de dos en bleu, préfigure les figures de femmes que Ghirlandaio va réaliser ultérieurement. L’artiste donne libre cours à la création du style de portraits qu'il a développés dans la chapelle Santa Fina de San Gimignano (1473-1475) et la chapelle Vespucci d’Ognissanti de Florence (1480) : ainsi, sur la droite, il représente les membres les plus influents des familles de Florence résidant à Rome, qu’il dispose exactement comme une rangée de perles. Au centre, Giovanni Tornabuoni, représentant la banque d'affaires de la famille Médicis. Il deviendra plus tard un des « sponsors » de Ghirlandaio et le trésorier du pape, malgré l’hostilité persistante de Sixte IV à l’encontre des Médicis…

Son fils, Lorenzo Tornabuoni, debout devant lui, porte un habit noir en mémoire de la mort de sa jeune épouse et de la faillite de la banque familiale après le décès de son père. En 1477, Ghirlandaio avait peint deux épisodes de la vie de Saint Jean Baptiste et deux épisodes de la vie de la Vierge pour la chapelle funéraire de la mère de Lorenzo, Francesca Pitti Tornabuoni, dans l'église de Santa Maria sopra Minerva à Rome. Selon Vasari, ces oeuvres étaient très célèbres à l'époque; ils ont malheureusement disparu.

Domenico Ghirlandaio : L’appel des apôtres Pierre et André, détail. 1481. Fresque, 349-570. Vatican, Chapelle Sixtine
Domenico Ghirlandaio : L’appel des apôtres Pierre et André, détail. 1481. Fresque, 349-570. Vatican, Chapelle Sixtine

À la droite de Giovanni Tornabuoni se trouve l'humaniste Jean Argyropoulos, portant une barbe blanche. Il a fui Constantinople pour Florence en 1453 et a rédigé des commentaires sur Aristote. Ami de Cosme de Médicis, il a enseigné quinze ans le grec à l'Université de Florence avant d’être appelé à Rome par le Pape. A ses côtés, cheveux blancs et sans chapeau, se tient soit Francesco Soderini de Florence ou Raimondo Orsini de Rome. Le jeune homme derrière lui, au visage éclatant est Antonio Vespucci… Un autre florentin se tient directement derrière le Christ bénissant : Diotisalvi Neroni, un ancien ami de Cosme de Médicis, vivant en semi exil à Rome pour avoir comploté contre le fils de Cosme, Piero.

Célèbre pour ses portraits, Ghirlandaio l’est aussi pour ses paysages comme le montre cette fresque : toute la moitié supérieure de la fresque est consacrée à un vaste paysage menant à un horizon placé très haut vers lequel s’étend, telle un large chemin, entourée de collines et de montagnes, la mer de Galilée. Dans le ciel aux couleurs vives volètent des oiseaux, sans doute inspirés par la Procession des mages de Benozzo Gozzoli, réalisée entre 1459 et 1461 pour le palais Médicis de Florence.

3.3.3.4. Le sermon sur la montagne : Cosimo Rosselli

Cosimo Rosselli : le sermon sur la montagne. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : le sermon sur la montagne. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Le quatrième compartiment de la chapelle est décoré au nord comme au sud par Cosimo Rosselli, sur le thème de la loi. A la fresque de l’Ancien Testament racontant l’épisode du Sinaï ou Yahvé donne les tables de la loi à son people, correspond le Sermon sur la montagne, lors duquel le Christ transmit la nouvelle loi, celle des béatitudes.

La fresque montre en fait deux scènes, où la foule est très nombreuse: à gauche, le Christ sur la montagne parle à la foule alors que ses disciples sont rassemblés derrière lui sur sa gauche, et qu’on les aperçoit, plus loin, arriver à la suite de leur maître. Sur la droite le Christ guérit un lépreux devant une foule nombreuse, les disciples étant regroupés derrière lui.

3.3.3.5. Le Christ remet les clefs à saint Pierre : Le Pérugin

Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Détail. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Détail. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Chargé de superviser l'ensemble du projet de décoration murale de la Chapelle Sixtine, Pietro Pérugin s’est réservé la réalisation des fresques les plus essentielles : celles du mur de l’autel (remplacées par le Jugement dernier des Michel-Ange) et celles dont la signification revêtait une importance particulière pour le commanditaire : le châtiment de Coré, Dathan et Abiron, et la remises des clefs à saint Pierre.

Stylistiquement, cette fresque est l’une des plus intéressantes de la chapelle. Les principaux personnages sont organisés en une frise de deux rangs, l’un sur le bord inférieur de la scène, l’autre juste en dessous de la ligne d’horizon. Le groupe principal montre le Christ remettant les clefs d'or et d'argent à saint Pierre à genoux, entouré par les autres Apôtres, dont Judas (cinquième à la gauche du Christ), dont les têtes sont cernées de halos. Mêlés aux apôtres, des contemporains du peintre (dont le cinquième à partir de la droite serait un autoportrait).

Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Au second plan, l’espace formé par l’immense place dallée est rythmé par le temple de Salomon au centre, flanqué à droite et à gauche par deux arcs de triomphe romains, références à l’antiquité. Les deux groupes du second plan renvoient à deux scènes de la vie du Christ : le tribut à César, et la tentative de lapidation du Christ.

Le style des personnages est clairement influencé par celui de Verrocchio. Les drapés et leur complexité, les visages, les poses, particulièrement ceux des apôtres, ne sont pas sans rappeler le groupe de Bronze de Verrocchio à Orsanmichele.

Le temple octogonal avec ses vastes galeries qui domine l'axe central provient sans doute du projet d’un architecte, mais Le Pérugin le traite comme un modèle en bois, peint avec exactitude. De plus, Le Pérugin apporte une importante contribution dans le rendu du paysage : ici, le sentiment d'un monde infini qui s'étend au-delà de l'horizon est plus fort que dans les autres œuvres de ses contemporains. Il influencera notamment l’art de Raphaël.

Le Pérugin : le baptême du Christ. Détail. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le baptême du Christ. Détail. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail : sans doute un portrait de Ghirlandaio. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican.
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail : sans doute un portrait de Ghirlandaio. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican.
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail : tête d’apôtre. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail : tête d’apôtre. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican

3.3.3.6. La Cène : Cosimo Rosselli

Cosimo Rosselli : la Cène, détail. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : la Cène, détail. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Cette scène n'est pas aussi mouvementée que les autres fresques du cycle, ce qui est volontaire : il s’agit de la Cène, l’institution de l’eucharistie, symbole par excellence de la Nouvelle Alliance entre Dieu et l'humanité. Elle requiert donc respect, retenue, piété

A l’arrière plan trois « fenêtres » représentent trois scènes de la passion : le Christ priant sur le Mont des Oliviers, l’arrestation du Christ et la Crucifixion. Les deux dernières scènes sont l’œuvre de Biagio d'Antonio Tucci, l’assistant de Cosimo Rosselli.

Cosimo Rosselli : la Cène, détail : le Christ au Jardin des Oliviers. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : la Cène, détail : le Christ au Jardin des Oliviers. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : la Cène, détail : l’arrestation du Christ, par Biagio d’Antonio Tucci. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : la Cène, détail : l’arrestation du Christ, par Biagio d’Antonio Tucci. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

3.3.3.7. La résurrection du Christ : Hendrik Van Den Broeck

Hendrick Van den Broeck : la résurrection du Christ. Fresque, chapelle Sixtine, Vatican
Hendrick Van den Broeck : la résurrection du Christ. Fresque, chapelle Sixtine, Vatican

Ornant le mur d’entrée de la chapelle Sixtine, La Résurrection du Christ de Hendrik Van den Broeck (vers 1519-1605) et La Dispute autour du corps de Moïse de Matteo da Lecce (1545/1550 – vers 1616) sont les dernières fresques réalisées dans la chapelle Sixtine.

Elles ont été exécutées pour remplacer celles d’origine que Domenico Ghirlandaio et Luca Signorelli avaient consacrées aux mêmes thèmes, et qui furent détruites en 1522 lorsque l’architrave en marbre de la porte s’effondra alors que le pape Adrien VI faisait son entrée dans la chapelle. A l’origine, le soin de les repeindre aurait été confié à Michel-Ange. En 1541, lorsque Michel-Ange acheva Le Jugement dernier au-dessus de l’autel, le mur d’entrée demeurait endommagé. L’artiste ne poursuivit pas son travail sur ce pan de mur, car Paul III Farnèse le chargea de décorer les parois de la toute nouvelle chapelle Pauline. L’attribution de La Résurrection du Christ à Hendrick Van den Broeck s’appuie sur le monogramme avec lequel le Flamand a signé le sarcophage du Christ, et sur les informations fournies par Giovanni Baglione dans ses Vies des peintres, sculpteurs, et architectes publiées en 1642.

Datée traditionnellement du pontificat de Grégoire XIII (1572-1585), la fresque semble en fait légèrement antérieure et la majorité des critiques penchent plus pour une réalisation autour des années 1562, sous le pontificat de Pie IV (1559-1565) ce qui a le mérite de mieux expliquer le maniérisme de ces compositions.


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