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Strasbourg : la ville au Moyen Age (Alsace)

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3. Le Bas Moyen Age : la naissance de la république : 1262-1450

Vie politique : la constitution de la république
Le développement de la cité

3.2. Le développement de la cité

3.2.1. L’extension de la ville

L’extension de la ville de Strasbourg depuis l’empire romain au second Reich
L’extension de la ville de Strasbourg depuis l’empire romain au second Reich

A partir du XIIè siècle, et jusqu'au milieu du XVe siècle, Strasbourg entre dans une des plus grandes phases d'urbanisation de son histoire : cette urbanisation est due d’abord à l’action de l’évêque et du chapitre, puis elle est relayée, et souvent concurrencée, par celle de la bourgeoisie, formée de commerçants et d’artisans : la société qui est en train de naître ne cesse de s'étendre par cercles concentriques, appelant à elle toujours plus de biens et plus d'hommes.

3.2.1.1. La première extension : XIIè

Au début des années 1100, le premier agrandissement de Strasbourg est le signe tangible de la croissance d'une cité encore dominée par l'évêque : les fonctions artisanales et domestiques se développent, entraînant l'expansion des différents quartiers et leur assimilation au cœur d'une seule et même enceinte. Une nouvelle enceinte est créée : elle s’appuie sur le rempart romain, et, à partir de l'actuelle place Broglie, longe les rues de la Mésange, de la Haute-Montée et du Vieux-Marché-aux-Vins avant de rejoindre Saint-Pierre-le-Vieux.

3.2.1.2. La seconde extension : 1200-1220

De 1200 à 1220, une seconde extension porte les limites de la ville au canal du Faux-Rempart et aux Ponts-Couverts. Cette enceinte délimite une ville de 10 000 habitants et s’enrichit de nouveaux quartiers autour des églises Saint-Pierre-le-Jeune et Saint-Pierre-le-Vieux. Les nombreuses tours de fortification qui jalonnent le rempart ne disparaitront du paysage urbain qu'au XIXè siècle.

3.2.1.3. La troisième extension : 1228-1344

Le troisième agrandissement, entre 1228 et 1334 marque un cap décisif dans l'évolution de Strasbourg d'un point de vue économique, politique et architectural : il intègre des corps de métiers dont la ville dépend étroitement et englobant des quartiers de jardiniers, de pêcheurs, de bateliers et de bouchers (Finkwiller, quai des Bateliers, rue des Bouchers, rue d'Or) L’enceinte est une construction de briques, aux larges créneaux et portant un chemin de ronde (Vestiges entre l'église Sainte-Madeleine et la rue du Fossé-des-Orphelins). Elle est flanquée de tours carrées. Ce dispositif de défense est particulièrement renforcé sur le bras de l'Ill, ouvert au trafic fluvial : c’est le système des « Ponts-Couverts » : les quatre tours actuelles faisaient partie des remparts et étaient reliées par des ponts couverts d'une toiture en bois (disparue au XVIIIè siècle). Ces tours abritent les corps de garde et servent aussi prisons et veillent sur le canal de navigation et les moulins disposés sur les autres bras de la rivière. Reste aussi de cette enceinte la « Porte de l’Hôpital ».

Strasbourg : reste de fortifications du Moyen-âge rue du fossé des Orphelins
Strasbourg : reste de fortifications du Moyen-âge rue du fossé des Orphelins
Strasbourg  Krutenau : partie du mur d’enceinte médiévale derrière l’église Sainte Madeleine
Strasbourg  Krutenau : partie du mur d’enceinte médiévale derrière l’église Sainte Madeleine

3.2.1.4. La quatrième extension : 1370-1390

Dans les années 1370-1390, à la fin de la seconde phase de la Guerre de Cent Ans en France, la population redoute l'invasion des bandes de pillards et de grandes compagnies qui parcourent la France sans combattre. Aussi la municipalité décide de protéger les parties Ouest et Nord de la ville. Ce quatrième agrandissement repousse les murailles à l'Ouest et au Nord-Ouest en assimilant surtout les quartiers maraîchers et les nombreux jardins des faubourgs Blanc, de Saverne et de Pierre.

3.2.1.5. La dernière extension : 1387-1441

La dernière extension se situe entre 1387 à 1441 et consacre la puissance de Strasbourg : dans sa volonté de conserver le monopole de la navigation entre Bâle et Mayence, la ville absorbe vers le sud-est un nouveau quartier de maraîchers et de pêcheurs, la Krutenau, tout en contrôlant le Rheingiessen, voie d'eau essentielle qui relie l'Ill au Rhin (actuelle rue de Zurich, le canal ayant été comblé en 1872). Le doublement de la ligne de défense sud au XVè siècle ne changera pas radicalement la silhouette de Strasbourg. La ville est alors défendue par une muraille crénelée, portant chemin de ronde, que renforcent selon l'usage des pays germaniques 28 tours, 8 tours-portes et autant de poternes.

Strasbourg vers 1570. Gravure de Georg Braun et Franz Hogenberg tirée de « Civitates orbis terrarum » édité à Anvers par Philippe Galle
Strasbourg vers 1570. Gravure de Georg Braun et Franz Hogenberg tirée de « Civitates orbis terrarum » édité à Anvers par Philippe Galle

3.2.1.6. Pôles d’attraction et population

Ainsi, la ville du Moyen Age se structure autour de pôles d'attraction ou de tension entre les pouvoirs religieux, économique, et politique ; elle est marquée aussi par la rapidité avec laquelle elle repousse ses murailles à partir de 1202 grâce à un formidable essor économique, accompagné par la libération progressive de la bourgeoisie de la tutelle de l’évêque puis de la noblesse. Avant que la peste ne frappe la ville en 1348, celle-ci compte 20 000 habitants. Après la mort noire elle se repeuple lentement et compte environ 18 000 âmes autour de 1444.

Strasbourg au XVè
Strasbourg au XVè

3.2.2. Les chantiers

Face à l'ancien camp romain tenu par l'évêque, la ville de Strasbourg, patriciens et bourgeois affirme à partir du XIIè siècle une identité communale dont l’importance va s’amplifiant et qui va culminer à la Renaissance : cette identité se manifeste par l’érection de quelques monuments publics dans le secteur de la place Gutenberg, pôle de la ville bourgeoise. Si les chantiers de la cathédrale et des églises drainent l'essentiel de l'activité architecturale de la ville, les chantiers « profanes » traduisent, surtout à partir du XIVe siècle, l'ascendant et la puissance du pouvoir économico-politique, dont il ne reste malheureusement aujourd’hui que l'aile orientale de l'Œuvre Notre-Dame et la « douane ».

Strasbourg : la Douane au Moyen Age
Strasbourg : la Douane au Moyen Age

3.2.2.1. Les chantiers religieux

Au cours du XIIe siècle, la basilique de Wernher est par cinq fois victime de la foudre et de l'incendie. En 1176 une nouvelle reconstruction est entreprise. Le style gothique se manifeste pour la première fois dans le transept de la cathédrale vers 1225. Dès 1240 environ, le rayonnement triomphe dans le grand vaisseau à triforium ajouré. La façade entreprise en 1277 et les innovations de maître Erwin à partir de 1284 placent Strasbourg parmi les chantiers les plus importants d'Occident.

La première représentation de la cathédrale achevée. Folio 217 du « Buch der Natur de Konrad von Megenberg », vers 1440-1450. Réalisé par l’atelier de Diebold Lauber de Haguenau. Heidelberg, bibliothèque de l’Université
La première représentation de la cathédrale achevée. Folio 217 du « Buch der Natur de Konrad von Megenberg », vers 1440-1450. Réalisé par l’atelier de Diebold Lauber de Haguenau. Heidelberg, bibliothèque de l’Université

Le gothique est également diffusé durant ce XIIIè par les Ordres Mendiants, notamment par les Dominicains et les Franciscains. Les églises paroissiales apportent leur contribution originale au développement du nouveau style : ainsi la nef-halle à Saint-Thomas et la nef à pilastres à Saint-Pierre-le-Jeune.

Strasbourg : intérieur de Saint Thomas, par Cl. Bech. Collection particulière
Strasbourg : intérieur de Saint Thomas, par Cl. Bech. Collection particulière

Au XIVè est mise en place la grande rose de la cathédrale, (vers 1318) ; l'église des Dominicains est achevé vers 1325, et la chapelle Sainte-Catherine de la cathédrale est construite vers 1340. Dans la seconde moitié du siècle sont construits la chapelle Saint-Jean de l'église Saint-Pierre-le-Jeune, avec ses contreforts intérieurs (vers 1360) et le chevet de l'église Saint-Erhard, place de l'Hôpital, avec sa baie axiale élargie à trois lancettes.

Strasbourg : Les Hospices Civils en 1663. Gravure de J.-J. Arhardt, Cabinet des Estampes. L’identification de la figure que l’on aperçoit sur la nef de la chapelle reste sujette à controverses : certains pensent qu’il s’agit d’une araignée ; d’autres penchent pour la représentation d’une tumeur… la figure disparut en 1826, lors du ravalement du mur
Strasbourg : Les Hospices Civils en 1663. Gravure de J.-J. Arhardt, Cabinet des Estampes. L’identification de la figure que l’on aperçoit sur la nef de la chapelle reste sujette à controverses : certains pensent qu’il s’agit d’une araignée ; d’autres penchent pour la représentation d’une tumeur… la figure disparut en 1826, lors du ravalement du mur

Début XVè arrive le maître Ulrich von Ensingen qui introduit le style flamboyant. En 1439 Johannes Hültz, achève la haute flèche de la cathédrale, symbole de la cité, alors que le baroque flamboyant se manifeste avec brio au Portail Saint-Laurent de Jacques de Landshut (1495-1505). Quant à la chapelle Saint-Laurent, due au talent de Hans Hammer (1515-1521), elle marque un apaisement notable à l'approche de la Renaissance. D'autres chapelles flamboyantes retiennent l'attention : celle de la Trinité (1491), à Saint-Pierre-le-Jeune, celle des Evangélistes (1521), à l'église Saint-Thomas. Plus modestes, mais élégants, le chevet de Sainte-Madeleine (1480 et l'église Saint- Jean (1477), restaurée après la dernière guerre.

Strasbourg, gravure de la cathédrale d’Isaac Brunn, 1615. La cathédrale sera jusqu’au XIXè siècle le plus haut édifice de la chrétienté
Strasbourg, gravure de la cathédrale d’Isaac Brunn, 1615. La cathédrale sera jusqu’au XIXè siècle le plus haut édifice de la chrétienté

De très nombreuses autres chapelles et églises ont malheureusement disparu au fil des siècles.

3.2.2.2. Les chantiers laïcs

3.2.2.2.1. La Pfalz

Le renforcement de l'indépendance des bourgeois, acquise dès 1262, se concrétise en 1321 par la construction de la Pfalz qui succède au Fronhof épiscopal comme centre de décisions politiques et administratives. La Pfalz est construite sur la place Saint-Martin (Place Gutenberg) dans le style gothique. Le bâtiment se compose de deux bâtiments accolés, construits probablement l'un après l'autre à partir d’un noyau original, sans doute une chapelle. Le corps principal de l'édifice présente sur le Marché-aux-Grains un pignon à redents percé de trois rangées de fenêtres tréflées. Parallèlement, le bâtiment oblong qui ferme le Marché-aux-Poissons possède deux pignons à redents, reliés entre eux par une rangée de créneaux. Deux tourelles d'angle donnent à l'édifice une certaine solennité. La Pfalz sera malheureusement détruite à la fin du XVIIIè siècle.

Strasbourg : la Pfalz
Strasbourg : la Pfalz
3.2.2.2.2. La Chancellerie

Chancellerie de la ville libre est construite en 1463-1464. Le bâtiment sera incendié en 1686. Son architecture n’est malheureusement pas connue. On sait que l’ornementation du portail intérieur de l'édifice a été décorée aux armes de Strasbourg par Nicolas Gerhaerdt de Leyde, qui réalise aussi quelques magnifiques bustes d’hommes accoudés.

La « ville civile »de Strasbourg selon le plan de Conrad Morant de 1548 : Pfalz, chancellerie, Monnaie, Pfennigturm
La « ville civile »de Strasbourg selon le plan de Conrad Morant de 1548 : Pfalz, chancellerie, Monnaie, Pfennigturm
3.2.2.2.3. L’Hôtel de la Monnaie

Un premier bâtiment de la Monnaie est construit au XIIIè. Il est remplacé par le Magistrat en 1507. De volume réduit, cet édifice gothique est remarquable par son pignon principal à redents, couronné d'un clocheton, orné d'une horloge et d'un balcon finement ciselé.

Strasbourg : l’Hôtel de la Monnaie, de style gothique avec son remarquable pignon à redents. Lithographie de Th. Müller dans « Strasbourg illustré » de F. Piton
Strasbourg : l’Hôtel de la Monnaie, de style gothique avec son remarquable pignon à redents. Lithographie de Th. Müller dans « Strasbourg illustré » de F. Piton
3.2.2.2.4. Le Pfennigturm

Le bâtiment du Trésor public (Pfennigturm), mentionné en 1321, compte parmi les édifices les plus anciens de la ville. Sa tour ajoute sa silhouette aux flèches et aux clochers, tout en apparaissant, au même titre que la Pfalz, comme la traduction monumentale d'une conscience civique grandissante. Elle renferme en effet les titres, les privilèges et la bannière de Strasbourg. D'une grande simplicité, sa structure porte une plate-forme en pierre, elle aussi crénelée, qui remplace en 1414 une charpente de bois couverte de tuiles.

Strasbourg : l’ancienne place des « Cordeliers », future place Kléber avec le couvent et le « Pfennigturm ».Tiré de « Strasbourg illustré » de F. Piton
Strasbourg : l’ancienne place des « Cordeliers », future place Kléber avec le couvent et le « Pfennigturm ».Tiré de « Strasbourg illustré » de F. Piton
3.2.2.2.5. L'aile Est de l'Å’uvre Notre-Dame

Après avoir acquis la gestion de l’œuvre Notre Dame, les bourgeois de Strasbourg décident en 1347 d’agrandir le bâtiment et font construire l'aile Est de l'Oeuvre Notre-Dame, entre l'actuelle place du Château et la rue des Cordiers, en l'appuyant sur la courtine méridionale de l'ancien castrum romain. L'aile gauche du bâtiment présente un pignon en escalier dont les fenêtres d'origine ont été doublées au XVIe siècle.

Strasbourg : le musée de l’œuvre Notre Dame
Strasbourg : le musée de l’œuvre Notre Dame

La ville construit également des bâtiments à vocation économique et commerciale. En 1358 est construite sur une sorte d'esplanade appelée « Salzhof », la « douane » fluviale (Ancienne Douane), énorme dépôt où l'on consignait les marchandises pour les taxer avant leur mise en vente. Il en reste certaines parties du XIVe siècle et une restauration fidèle qui donne à l'édifice une belle silhouette médiévale. Equipé d'une grue de débarquement en 1385, agrandi trois ans plus tard, le bâtiment initial possède au moins un pignon couvert, selon l'usage, de peintures ornementales et figurées. A la fin du XVIIIe siècle, l’architecte Boudhors ajoutera à l'ensemble un avant-corps vers la rue du Vieux-Marché-aux-Poissons.

Strasbourg : l’Ancienne Douane ou « Kaufhüs »
Strasbourg : l’Ancienne Douane ou « Kaufhüs »

3.2.3. La ville à la fin du Moyen Age

A la fin du Moyen Age, la ville se répartit en trois grandes zones de population et de bâti :

  • Le noyau central est délimité au nord-est et à l'est par les rues de la Nuée-Bleue, du Dôme, du Bain-aux-Roses ; au nord-ouest et à l'ouest par le canal du Faux-Rempart ; au sud par les berges de l'Ill. Outre les grands édifices religieux, ce quartier possède les équipements du pouvoir économique et politique, les principaux bâtiments publics et l'habitat des corporations de métiers, dont les maisons sont rangées en tuyaux d'orgue le long des marchés et des rues commerçantes.
  • Strasbourg : la plus ancienne vue de la ville, tirée de la chronique de Scheubel de 1493
    Strasbourg : la plus ancienne vue de la ville, tirée de la chronique de Scheubel de 1493
  • La seconde zone, située entre le canal du Faux- Rempart au nord et au nord-est, l'Ill au sud, les rues du Dôme et de la Nuée-Bleue à l'ouest, montre une occupation du sol sensiblement différente : c’est un quartier aéré qui comprend, entre autres, le plus vaste espace libre de la ville : la place du Marché-aux-Chevaux, future place Broglie. Il a les faveurs du patriciat qui y possède de grands jardins et les plus belles demeures.
  • Strasbourg : vue des anciennes fortifications derrière la fonderie et les faux remparts. Tiré de « Strasbourg illustré » de F. Piton
    Strasbourg : vue des anciennes fortifications derrière la fonderie et les faux remparts. Tiré de « Strasbourg illustré » de F. Piton
  • La troisième zone correspond aux faubourgs absorbés lors des derniers agrandissements de la ville. L'habitat y est lâche, à l'exception du quai des Bateliers et de la rue des Bouchers, et les maisons entourées de jardins sont basses.

3.2.4. Vie économique et culturelle

3.2.4.1. L’expansion économique

Au XIIè siècle, la ville de Strasbourg est très riche, une des plus prospères du bassin rhénan : sa richesse est basée essentiellement sur le commerce : le vin exporté par le Rhin, le sel, le bois, les draps, les céréales, les cuirs et autres produits artisanaux locaux, l’argent ; cette richesse est encore amplifiée en 1388 par la construction d’un pont à péage sur le Rhin, qui sera le seul en aval de Strasbourg pendant deux siècles.

La ville investit et s’approprie des vignes et des terres à Illkirch, Wasselonne, Marlenheim, Herrenstein, ainsi que des droits sur le commerce. Signe de cette opulence, la puissante corporation des Bateliers, ainsi que les troupes mercenaires que la ville s’offre durant les conflits, souvent des Suisses.

Strasbourg  Krutenau : l’église saint Guillaume, ancienne paroisse de la puissante corporation des Bateliers
Strasbourg  Krutenau : l’église saint Guillaume, ancienne paroisse de la puissante corporation des Bateliers

3.2.4.2. Le rayonnement culturel et spirituel

Malgré la défaite épiscopale confirmée par le traité de 1263 et les troubles nés de la reprise du conflit entre le Sacerdoce et l'Empire, la vie religieuse connaît à Strasbourg un essor considérable. Les chapitres se multiplient : le chapitre cathédral, le chapitre de Saint Thomas, le chapitre de Saint Pierre-le-Jeune qui figure aux côtés de l'évêque dans le traité de 1263. Le clergé paroissial assure le service d'une population de plus en plus nombreuse.

Saint Dominique et Saint François. Bréviaire appartenant à Johannes Schedelin. Début du XVè. Colmar, bibliothèque du Consistoire Protestant
Saint Dominique et Saint François. Bréviaire appartenant à Johannes Schedelin. Début du XVè. Colmar, bibliothèque du Consistoire Protestant

Surtout, on assiste à une multiplication des fondations régulières. Sous l'impulsion des deux grands ordres mendiants au recrutement populaire, de nombreux couvents sont créés : les Franciscains sont signalés à Strasbourg dès 1222 et les Dominicains dès 1244. Suivent les couvents des Ermites de Saint Augustin près de Sainte Barbe (1265), la maison des Antonites dont les moines bénéficient du privilège de laisser errer leurs porcs dans les rues, les Chartreux de Kœnigshoffen et enfin la Commanderie des Hospitaliers de Saint Jean, dont la création est due au mystique Rulmann Merswin (1336). Les couvents de femmes prolifèrent également, toujours sous l'impulsion des Ordres mendiants soucieux de regrouper en communautés les femmes seules : les Dominicains fondent sept couvent de femmes, tous hors les murs au sud de la Ville, derrière le rempart de 1228 (Saint Marc, Sainte Catherine dans la Krutenau, Sainte Agnès, Saint Nicolas-aux-Ondes) ; Deux autres sont créés par les Franciscains ; un pensionnat de dames nobles, Saint Etienne, résiste cependant à tous les efforts de réforme pontificale. Les maisons de béguines remplissent un rôle social non négligeable.

Sur le plan culturel, écoles et bibliothèques sont désormais aux mains des laïcs. Apparaît ainsi une littérature profane, littérature courtoise avec les Minnesänger, Jean Hauwart (mort en 1305) et surtout la traduction de Tristan et Yseut par Gottfried de Strasbourg (mort vers 1210) troubadour érudit. Les chroniqueurs se multiplient : Ellenhard, Mathias de Neuenburg, Closener, Jakob Twinger dit « Koenigshoven », chanoine de Saint Thomas, qui rédige une chronique, latine d'abord, puis allemande, menée jusqu'en 1390 et complétée ensuite jusqu'en 1415. Les écoles des Mendiants développent un courant mystique avec Albert le Grand (entre 1244 et 1245, puis en 1268), Maître Eckart (qui séjourne dans la ville entre 1312 et 1318), Jean Tauler (vers 1300-1361). Le mouvement des « Amis de Dieu » rassemble les âmes avides d'absolu. Rulmann Merswin, banquier qui renonce au monde, lance dans « Le livre des neuf rochers », de l'ermitage de l'Ile Verte, une magnifique méditation.

Extrait des « Institutions » de Tauler
Extrait des « Institutions » de Tauler

Symbole absolu de cette opulence, la Cathédrale, achevée en 1439, domine de sa flèche de 142m tous les autres édifices de la chrétienté en Occident.

Albert le Grand par Modena
Albert le Grand par Modena


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