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Le système concentrationnaire nazi

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2. Le camp, symbole du nazisme

Le camp : quelques définitions
Le camp, institution emblématique
La base légale du système
Le système et son sens
Le processus concentrationnaire
Le maître d'œuvre : la S.S.

2.6. Le maître d'œuvre : la S.S.

2.6.1. « Meine Ehre heisst Treue »

Au cœur des rouages des camps, la S.S., véritable Etat dans l'Etat : dès 1936, lorsque Himmler réunit entre ses mains le corps d'élite qu'est la garde SS. Le RSHA devient en 1939 l'organisme central coiffant tout l'appareil SS. Le RSHA est une structure administrative indépendante de l'appareil d'Etat et du Parti. Mais si « l’Ordre noir » dispose d'une priorité absolue sur toutes les instances de l'Etat, cette organisation « a été l'exécutante du plus grand crime contre l'humanité, mais non l'inspiratrice de ce crime » (Heinz Höhne). Même si elle subit les répercussions des terribles luttes d'influence intestines, elle est en dernière instance, mais et avant toute chose l'organe d'exécution de la volonté du Führer, qu'elle soit clairement exprimée ou simplement suggérée à demi mots.

La S.S. a en fait deux natures : c'est d’une part un « ordre » et d’autre part un appareil administratif. Hormis la « Waffen S.S. » (créée en 1940 et essentiellement consacrées à des tâches militaires), la S.S. est d’abord une « armée de fonctionnaires », car la guerre menée par la S.S. (y compris la Waffen S.S.) est une « fausse guerre ». La « légende » militaire des S.S. fanatiques est avant tout due aux engagements des volontaires étrangers fanatisés, soldats perdus, formant les derniers rangs de « fidèles », telles les divisions Charlemagne, Nordland, Flandre, ou encore la brigade Wallonia de Degrelle...

La véritable S.S. est autre chose : elle tient de l'ordre du religieux et du mystique, avec l'uniforme, les insignes qui renforcent le mythe, mais aussi son folklore (mythologie germanique et chevaliers Teutoniques), ses procédures de sélection, ses rituels initiatiques, ses « hauts lieux » que sont les « Ordensburgen »... Elle est une « société secrète » dépositaire de valeurs et de vérités inaccessibles aux simples mortels... Tout en maniant en plus très bien la terreur, elle exerce une fascination, une séduction qu'elle tient de son romantisme échevelé, de l'attrait de l'occulte et de ses prétentions élitistes... « Je sais que bien des gens en Allemagne se trouvent mal à la seule vue de notre uniforme noir. Nous comprenons cela et nous ne nous attendons pas de toute façon à être aimés... » (Himmler).

Mais la S.S. n'a pas de vocation doctrinale, elle ne créé pas d'idéologie. Elle n'est pas une aile politique radicale, comme la SA prétendait l’être avec son chef Ernst Röhm, ce qui lui valut d’ailleurs son élimination et la mise au pas du mouvement des chemises brunes. La mission de la SS est essentiellement d’incarner les deux faces de la pièce maîtresse de l'idéologie du Führer : le surhomme et le sous-homme, l'Aryen et le Juif. Pour cela, seules suffisent deux justifications idéologiques : l'obéissance absolue aux ordres et la mystique de l'action. Hitler et Himmler, « son Ignace de Loyola », ont crée cet « ordre Jésuite » pour le destiner à des tâches secrètes, qui n'ont rien à voir avec la révolution, mais avec l'intolérance raciale fanatique et l’obéissance absolue au chef.

Ce qui intéresse Hitler n’est d’ailleurs pas la mystique de l'ordre ni son décorum, pour lesquels il n’a que peu de considération. Ce qui le fascine, c’est sa puissance, son emprise sur les consciences et sons sens fanatique de l'obéissance, « perinde ac cadaver ». Les S.S. sont véritablement les « chiens de garde » de l'ordre politique nazi. Peu importe le contenu et le sens de la mission : le fondement S.S. est de ne jamais discuter les ordres et donc de ne jamais s'interroger sur leur ses : « Meine Ehre ist Treue », « Mon honneur est ma fidélité » : l'obsession de l'action et de la fidélité se résume en une mystique de la lutte et de l’action, axe central de la pensée hitlérienne. « Ce qui est nécessaire, ce qui est éternel, c'est la lutte. Les buts de la lutte, eux, évoluent ai gré des circonstances, au fil du temps. Peu importe donc le résultat, le succès ou l'échec. La morale ne se mesure pas en termes de fond, mais de forme. Elle ne répond pas à la question " pourquoi ?", mais à la question "comment ?" » (Werner Best Dignitaire de l'Ordre Noir et juriste, 1930)

2.6.2. Les « Totenkopfverbände »

Au cœur de la SS, les gardiens des camps ou Totenkopverbände, organisation calquée sur la hiérarchie militaire. Ces SS appartiennent à une formation non combattante de la SS, dite « Totenkopf », « tête de mort », emblème cousu sur leur uniforme. Recrutés très tôt, dès la lise en route du système concentrationnaire, certains d’entre eux sont passés par les Einsatzgruppen et sont donc très endurcis. La formation de ces fonctionnaires est très poussée, surtout au point de vue idéologique. Le conditionnement en a fait des instruments parfaitement dociles, ayant abandonné toute volonté et tout sentiment personnels. Seule compte l’indéfectible obéissance à leur Führer et à leur mission. Ce qui les conduit à « sélectionner », enfourner des milliers de personnes dans les chambres à gaz, fusiller, pendre, battre, torturer… Dans la pratique, ils deviendront des brutes sanguinaires, abandonnant leurs derniers lambeaux d'humanité à l'ivrognerie, à la cupidité et à la corruption. Ils sont environ 6 000 hommes représentant le noyau véritable de l'humanité supérieure à construire, les seuls aryens complètement dignes de ce nom… En 1942 - 1943 quand le système concentrationnaire arrive à son apogée et commence à s'emballer, Himmler adjoint aux « Totenkopf » des renforts recrutés un peu au hasard dans les Waffen SS puis dans la Wehrmacht. Ce « premier cercle » de bourreaux directs ne dépassera jamais 12 000 personnes… De même, lorsqu’ils ils furent inclus dans l'économie de guerre, les contremaîtres des entreprises « locataires » de main d’œuvre se retrouvèrent eux aussi dans le rôle des gardiens SS.

La soumission spontanée et absolue à l'autorité explique le fait que ces hommes acceptent d'être enrôlés pour une mission spéciale et ultra secrète. Elle explique cependant plus difficilement comment ils en arrivent à tuer quotidiennement des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants désarmés. Comment l'expliquer ? Plusieurs pistes :

  • le recrutement : il a été fait avec soin : la participation à l'Action T4 sert d'initiation et de sélection (Sur les 400 agents, 93 participent à l'opération Reinhardt. Les motifs « nobles » de l'action T4 pouvaient aisément passer pour acceptables pour un nazi convaincu. Les participants pouvaient alors se considérer comme des hommes « hors du commun », capables de dépasser le « moralisme étroit de l'homme de la rue »...
  • l'obéissance aveugle : doute – honte - déréalisation ; malgré les doutes et les conflits internes, la perception des autres devient le pivot de la soumission : plus les autres paraissent fermes, plus la honte et le doute de la personne par rapport à elle-même se renforcent et plus elle éprouve le besoin de compenser par une obéissance totale. Si le doute s'étend, il se traduit par une déréalisation croissante : c’est la « La tragédie de l'obéissance »
  • la précipitation sans préparation dans l'univers du meurtre crée un choc suffisant pour que la rupture avec le monde « normal » se creuse de manière telle que les voies de retour soient coupées ou deviennent très difficiles.
  • la peur des représailles, l’appât du gain et de la carrière, les perversions morales ont certe joué, mais de manière très marginale.



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