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Art roman : les racines profondes : de la Rome païenne à la Rome paléochrétienne

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1. La Rome antique et païenne

Les origines du plan basilical

1.1. Les origines du plan basilical

1.1.1. La « stoa » grecque

En Grèce antique, l'agora est bordée de galeries couvertes. Ces galeries sont bientôt dédoublées en profondeur et donnent naissance à un type nouveau de bâtiment : le portique ou « stoa »). Galerie double ou triple, le portique sert avant tout à la circulation et à la réception d'une population dont la vie est rythmée par les occupations de l'agora. Rapidement, les portiques ont bientôt de multiples fonctions : marchés couverts, lieux de réunion, sièges de magistratures... La transformation de galeries (lieux de passage) en véritable bâtiment, souligne l'idée d'un édifice construit par la cité sans être consacré ni aux jeux ni aux cultes, mais lié à l'exercice de la vie civile...

Athènes : la Stoa d’Attale sur l’Agora
Athènes : la Stoa d’Attale sur l’Agora

Le terme de « basilique » provient de « stoa basileios » - le portique du roi - siège de l'archonte-roi, haut magistrat d'Athènes chargé de fonctions religieuses et judiciaires. C'est de l'amalgame de ces deux fonctions, affaires et magistrature, que va naît l'édifice dont s'inspireront les chrétiens : la basilique civile de Rome.

Leptis Magna en Libye : la basilique païenne de Septime Sévère. Vue sur l’une des deux absides
Leptis Magna en Libye : la basilique païenne de Septime Sévère. Vue sur l’une des deux absides

1.1.2. La basilique romaine et le progrès dus à la charpente à entrait

Fano (Pesaro) : plan de la basilique civile édifiée par Vitruve, Ier siècle avant JC
Fano (Pesaro) : plan de la basilique civile édifiée par Vitruve, Ier siècle avant JC

A Rome, la basilique civile a une double fonction : marché couvert et tribunal. C'est une vaste halle rectangulaire, divisée pour des raisons techniques en au moins trois parties longitudinales (vaisseaux) séparées par des colonnades qui soutiennent les murs supérieurs du vaisseau central, plus haut que les deux autres et éclairé directement par la lumière du jour. L'ensemble, couvert de charpente, se prolonge sur l'un ou plusieurs de ses côtés par un ou plusieurs hémicycles, ou absides, seules parties voûtées en pierre, où siègent les magistrats publics lors des plaidoiries…

Leptis Magna en Libye : la basilique païenne, coupe. Commencée sous Septime Sévère en 209 et achevée sous Caracalla en 216, elle comporte deux absides et trois nefs séparées par deux ordres corinthiens superposés
Leptis Magna en Libye : la basilique païenne, coupe. Commencée sous Septime Sévère en 209 et achevée sous Caracalla en 216, elle comporte deux absides et trois nefs séparées par deux ordres corinthiens superposés
Leptis Magna en Libye : la basilique païenne de Septime Sévère. Vue des ruines
Leptis Magna en Libye : la basilique païenne de Septime Sévère. Vue des ruines

Dans certains palais romains, une structure architecturale identique sert de grande salle de réception, l’abside étant alors le siège des autorités princières, souvent précédée d’une estrade en bois ou en pierre (Pompéi)…

Tébessa en Algérie, l’ancienne Théveste romaine : la basilique paléochrétienne du IVè siècle. Nef centrale et abside
Tébessa en Algérie, l’ancienne Théveste romaine : la basilique paléochrétienne du IVè siècle. Nef centrale et abside

Techniquement, la basilique romaine marque un net progrès par rapport à la stoa grecque : en effet, pour couvrir l’espace longitudinale de la stoa, les Grecs utilisent des supports horizontaux de pierre et de poutres qu’il disposent d’une manière rudimentaire : cette technique interdit de franchir, en largeur, un espace important sans recourir à une multiplication de supports intérieurs (colonnes ou piliers).

La charpente grecque à entassement
La charpente grecque à entassement

Les Romains, et probablement avant eux les Grecs du monde hellénistique, en inventant la ferme ou charpente à entrait qui rend solidaire l'ensemble de la charpente, permettent la suppression des supports centraux de la charpente et ainsi l’élargissement de la nef centrale (jusqu’à 20 mètres !). Pour élargir encore l’espace, défini par les limites techniques de la charpente, on édifie des galeries annexes, les « collatéraux ».

La charpente romaine à entrait
La charpente romaine à entrait

1.1.3. L’apport chrétien

1.1.3.1. Les raisons du choix

Aucun édifice d'importance du culte chrétien ne remonte au-delà du IVe siècle. À partir de 312 cependant, la « secte » chrétienne tombe sous la protection de l'empereur Constantin. Le choix, alors, est soudain : les Chrétiens rejettent les temples anciens et prennent pour modèle… la basilique civile. L'évolution de l'architecture religieuse en Occident est totalement liée à ce choix originel.

Rome : la basilique paléochrétienne saint Pierre d’après un dessin du XVè. Edifiées sous Constantin vers 326
Rome : la basilique paléochrétienne saint Pierre d’après un dessin du XVè. Edifiées sous Constantin vers 326

Mais pourquoi ce choix ?

  • En premier lieu pour une raison liturgique : en effet, le lieu de culte païen par excellence, le temple, n’est pas conçu pour accueillir le public des « fidèles », mais uniquement les prêtres ou les fonctionnaires religieux… Or le culte chrétien est essentiellement celui de l’« Ekklésia » (ce terme désignait au IVè siècle avant le Christ « assemblées des citoyens »), de l’assemblée, du rassemblement : la basilique, édifice public doté d’un vaste espace intérieur, s’impose d’elle-même.
  • Rome : la basilique paléochrétienne saint Pierre édifiées sous Constantin vers 326. Restitution en coupe
    Rome : la basilique paléochrétienne saint Pierre édifiées sous Constantin vers 326. Restitution en coupe
  • De plus, l’abside, lieu de l’autorité, symbole et lieu d'exercice de la justice signifie que désormais la maison de Dieu n'est pas seulement un lieu de prière, mais également un tribunal, où tous doivent connaître la loi impériale et la puissance du juge éternel... et de ses magistrats.
  • Enfin, par son emplacement, au cÅ“ur du forum, la basilique est par excellence l’édifice civil de la cité : en le choisissant pour modèle, les Chrétiens rejettent le temple et bien plus, placent l’édifice désormais chrétien au cÅ“ur de le vie civile, de la cité, « cité de Dieu » (Saint Augustin)…

1.1.3.2. Les apports chrétiens

Les chrétiens, non seulement s'approprient le plan basilical mais l'adaptent, le transforment tant dans la forme que dans le sens nouveau qu’ils donnent au bâtiment :

1.1.3.2.1. Agencement du volume
  • La première modification concerne l’agencement du volume intérieur de l’édifice : l’entrée, située généralement sur l’un des côtés longitudinal de la basilique, est désormais ouverte sur le côté faisant face à l’abside : la basilique devient un nef qui dirige dès l’entrée le fidèle vers un lieu unique, où convergent les lignes de perspective et qui est bien souvent précédé d'un « arc triomphal » : l'abside est donc pour les Chrétiens le lieu même de la divinité. Souvent la voûte de l’abside est décorée du Christ en majesté, et dans l’abside est installé le siège de l’évêque. Enfin l’abside est précédée de l’autel du sacrifice qui désormais « entre » dans l’édifice (alors que dans le culte païen il est toujours situé à l’extérieur) et qui lui aussi change de sens en devenant « simulacre » de sacrifice et rituel de purification et de sanctification.
  • Rome : la basilique paléochrétienne saint Pierre édifiées sous Constantin vers 326. Restitution
    Rome : la basilique paléochrétienne saint Pierre édifiées sous Constantin vers 326. Restitution
  • La seconde modification, plus tardive, est celle de l’orientation de l’église : d’une manière générale, l’église est orientée, son abside tournée vers l’est, vers Jérusalem, préfigurant ainsi la Jérusalem céleste.
  • D'autres modifications suivent : une cour carrée entourée de portiques, l'atrium, prend place à l'avant des églises. À partir du Ve siècle se substitue parfois à l'atrium un porche, le narthex, au delà duquel les catéchumènes (personnes non encore baptisées) ne peuvent pénétrer. Dernier ajout, au plus tard au Vle siècle, le clocher permet de ponctuer et d'indiquer les heures de prière et de convier les fidèles à se rassembler, tout en ayant un rôle de domination et d'observation d'où donner l'alarme en cas de danger.
Rome : la basilique Santa Maria Maggiore : nef proche de celle d’origine érigée entre 432 et 440
Rome : la basilique Santa Maria Maggiore : nef proche de celle d'origine érigée entre 432 et 440
1.1.3.2.2. Ajout du transept

La modification fondamentale réside dans l’ajout du transept, dont le rôle et la signification sont complexes : le transept souligne l'appropriation chrétienne de la basilique, à laquelle est donnée une forme de croix, symbole de la Passion du Christ. De plus, en relation avec l'arc triomphal qui le précède, le transept magnifie l'abside en libérant un espace qui amplifie la concentration des perspectives sur ce point précis du bâtiment.

Mais l’ajout du transept répond aussi à un besoin, purement architectural : en effet, le volume intérieur d'un objet augmente plus rapidement que sa surface. Ainsi, une petite église dont on multiplie la surface par deux voit son volume intérieur quadrupler… alors que la surface des fenêtres permettant d'éclairer ce volume ne fait que doubler. Dans ce cas, le transept pallie ce manque de lumière. En effet, les deux murs pignons du transept n’ayant qu’un faible rôle dans le maintien de la structure de l’église offrent deux surfaces supplémentaires permettant de multiplier portes et fenêtres sans fragiliser la structure de l’édifice… plus tard, c'est au sein de ces murs pignons que prendront place naturellement les roses romanes et les rosaces gothiques. La possibilité de percer des portes au sein des murs pignons du transept se révélera par ailleurs fondamentale pour la circulation des fidèles et des pèlerins au sein de l'édifice.

Coupe d’une basilique paléochrétienne
Coupe d’une basilique paléochrétienne
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