A partir de la fin du Xè siècle, la nef est couverte de voûtes appareillées. Les difficultés imposées par ce choix sont fondamentales, car elles déterminent les principes de construction des édifices romans (et gothiques). Il n'existe en effet pas en France de grande église qui ait une voûte en pierres et qui soit en même temps plus vieille que l'an 1000 Le grand problème pour les bâtisseurs du XIè est de concevoir une nef de grande surface voûtée en pierres.
Ce choix de la voûte appareillée est crucial et s'explique par de grandes difficultés d'approvisionnement en matériaux et une pénurie de main d’œuvre. Les toutes premières voûtes ne sont cependant pas toujours en pierre, mais parfois constituées d'un mélange de sable, de chaux et de pierres concassées, proche du béton utilisé par les Romains. Ce type de voûte, la voûte « concrète » ou « opus caementicium » possède un avantage extraordinaire : chaque bloc « coulé » constitue un véritable monolithe, ensemble solidaire qui n'exerce d'autre force que son propre poids. Mais ce procédé est rapidement abandonné : la voûte concrète nécessite un grand nombre de matériaux comme le sable, la pierre et énormément de chaux qui elle-même nécessite énormément de bois pour la calcination du calcaire. Par ailleurs, la mise en oeuvre de tous ces matériaux exige une nombreuse main d’œuvre, ce que ne peut se permettre le monde féodal, si éclaté…
 | La voûte concrète romaine |
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Rome : basilique de Maxence et Constantin. IVè siècle. Voûte « concrète » avec plafond à caissons |
La voûte appareillée, assemblage de pierres clavées, présente d’importants avantages par rapport à la voûte concrète : elle est plus légère ; elle ne nécessite qu’un matériau, la pierre, partout disponible, avec un peu de mortier seulement ; elle ne requiert que le travail de quelques spécialistes qui peuvent tailler les pierres, les claveaux de la voûte, bien avant qu'elle ne soit montée au sommet de la construction.
 | La voûte appareillée romane |
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 | Bénévent l’abbaye (Haute Vienne) : église abbatiale bénédictine de 1150. La nef centrale magnifiquement appareillée |
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 | Moirax (Lot et Garonne) : prieuré Notre Dame. La nef, son élévation et sa voûte appareillée |
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Ainsi, sur les premiers chantiers de l'art roman, les murs sont en général construits par des ouvriers locaux, tandis que la construction des voûtes est confiée à de petites équipes itinérantes (notamment les « Lombards »). Le triomphe de la « pierre de taille » devient une caractéristique fondamentale de l'architecture médiévale.
 | Come : Sant’Abbondio. Vue extérieure. Le chevet. Art lombard, XIè |
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 | Agliate (Lombardie, Carate Brianza : l’église romano-lombarde Saints Pierre et Paul, X-XIè siècles. Le chevet |
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