Duccio di Buoninsegna
1. Eléments biographiques
Duccio di Buoninsegna est le premier grand peintre de Sienne et joue pour sa cité le même rôle que Giotto pour Florence, mais sans cependant ce naturalisme puissant qui rend l'art de Giotto tellement révolutionnaire. Au contraire, Duccio résume la grave et austère beauté des siècles de tradition byzantine et introduit un nouveau souffle d'humanité propagé par les Ordres nouveaux créés par saint François et saint Dominique. L’art de Duccio constitue un des points culminants de l'art gothique en Italie ; il intègre aux conventions assez rigides du style italo-byzantin, la finesse du dessin et la précision du style gothique international venu d'outre-Alpes.
Duccio est mentionné pour la première fois en 1278 et 1279 dans un document de la commune de Sienne qui rapporte le paiement de quarante sous « Duccio pictori » : il travaille alors pour la Commune à la décoration de tablettes de bois de la Biccherna, l'office financier de la Commune. En 1280, il a est lourdement condamné à une amende pour une infraction non précisée, probablement politique ; d’autres amendes lui seront infligées par la suite, suggérant un artiste au caractère assez trempé et assez conscient de sa célébrité locale pour se permettre de contester les ordres des dirigeants de la Commune.
|
En 1285 un grande Madone lui est commandée pour l'église florentine de Santa Maria Novella : c'est certainement la « Madone Rucellai » (maintenant aux Offices), que Vasari, sans doute emporté par ses humeurs patriotiques, attribue au florentin Cimabue et d’autres encore à un certain « Maître de la Madone Rucellai ». L’œuvre a probablement été peinte à Sienne, où Duccio est mentionné à intervalles réguliers entre 1285 et 1299, réalisant de nombreuses commandes, notamment en 1279, 1285, 1286, 1287, 1291, 1292, 1294 et 1295. Ces dates sont importantes : en effet au début des années 1280, aucune commande ne lui est passée : cette absence suggère d’après Roberto Longhi que Duccio participe alors aux travaux de décoration de la Basilique supérieure Saint-François à Assise, travaux dirigés par Cimabue. Ainsi s’explique la grande parenté stylistique entre Cimabue et Duccio, particulièrement dans la production de retables consacrés au thème de la Madone. Il ne faut cependant pas exagérer l'influence de Cimabue sur l'œuvre de Duccio : en effet ses premières œuvres connues, comme la « Madone de Crévole » (1283-1285) montrent l'attachement du peintre aux modèles byzantins reprenant le thème de la Vierge « Odigithria » (Vierge montrant de sa main droite l'Enfant assis sur son bras gauche), mais en le traitant de façon plus personnelle : souplesse des courbes, douceur et tendresse du geste de la Vierge dont le visage a la transparence de l'albâtre…
En 1299, Duccio est à nouveau condamné à une amende pour avoir sans doute eu des mots avec un « Capitano del Popolo », un fonctionnaire. Entre temps, en 1296-1297 un « Duche de Siene » est mentionné à Paris : ce séjour dans la capitale du royaume de France peut expliquer l'influence gothique dans certaines de ses œuvres et celles de ses disciples.
Nouvelle condamnation en 1302 à Sienne, probablement pour dettes ; mais la même année, la Commune lui passe commande d’une une Maestà pour l’Hôtel de Ville, aujourd'hui perdue. De nouvelles condamnation suivent, l’une en particulier pour refus de servir sous les armes, et une autre pour des activités occultes liées à la sorcellerie ; accusation bénigne au demeurant, car en 1308 arrive la consécration : une commande la Commune pour la réalisation d’une énorme Maestà destinée à trôner sur le grand autel de la Cathédrale. Le travail dure plus de deux ans et est achevé en 1311 : l’œuvre est transporté en une procession solennelle de son atelier à la cathédrale. La majeure partie de la Maestà se trouve encore à Sienne (Musée de la Cathédrale), mais quelques petits panneaux ont été perdus et d’autres, dont la prédelle, sont dispersés dans plusieurs musées étrangers.
De nombreuses autres œuvre sont attribuées à Duccio, dispersées dans des musées du monde entier comme Windsor, Isola près de Sienne, Berne, Turin, Budapest, Londres, Bologne, Pérouse, Sienne… Il faut citer parmi elles :
- Les cartons des vitraux de la cathédrale de Sienne (1288) où l'on retrouve encore l'influence de Cimabue ;
- La « Madone des franciscains » (Académie de Sienne) qui révèle un style déjà mûr ;.
- Le polyptyque n°28 de la Pinacothèque de Sienne ;
- Un triptyque de la National Gallery de Londres ;
- Le polyptyque n°47 de la Pinacothèque de Sienne, aujourd'hui abîmé, exécuté par l'artiste avec l'aide de son atelier et date des dernières années.
Duccio fut le plus grand maître de la peinture siennoise entre le XIIIè et XIVè siècles et, bien que travaillant encore sur les schémas de l'ancienne peinture byzantine, il la renouvela profondément. Maître de Simone Martini, il aura une série d'élèves et d'imitateurs de valeur différente : les plus connus sont Ugolino di Nerio, Segna di Bonventura, le Maître de Badia à Isola et le Maître de la Città di Castello.
Le 3 août 1319 le sieur Raniero di Bernardo rédige l'acte notarié contenant la renonciation à l'héritage paternel de la part des sept enfants qui lui survécurent de même que son épouse Taviana. Duccio serait donc mort cette année là .
Chapitre précédent | Chapitre suivant |