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Les « Primitifs » italiens (Histoire de l'art)

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9. Ecoles diverses

Ecole de Bologne
Ecole de Lucques
Ecole d’Ombrie
Divers

9.3. Ecole d’Ombrie

9.3.1. Maître de saint François

Actif entre 1260 et 1280, le « Maître de Saint François » est ainsi nommé par Heinrich Thode (1857-1920) d’après un panneau représentant saint François avec des anges dans l’église Santa Maria degli Angeli à Assise. Ce peintre de fresques et de panneaux, et sans doute créateur de vitraux de la région de Pérouse réalise son œuvre majeure à Assise, dans la nef de l’église basse, où il réalise cinq fresques de la Passion sur le mur droit et cinq fresques de la vie Saint-François sur le mur gauche. Ces fresques ont été ont été malheureusement endommagées par l'ouverture de chapelles latérales. S’y manifeste l’influence des œuvres tardives de Giunta Pisano, mais aussi d’artistes ombriens comme Rainaldetto di Ranuccio, Simeone et Machilone et de manuscrits enluminés contemporains comme l'Evangile de Giovanni da Gaibena (Padoue, Bibliothèque Capitulaire). Le maître de Saint-François incarne un aspect important du contact entre l’art italien et l'art byzantin de cette époque : si l’iconographie reste byzantine les formes d'ornementation et l’utilisation de la couleur sont quant à elles occidentales.

Maître de Saint François : Assise, église saint François. Vue sur la nef de l’église inférieure
Maître de Saint François : Assise, église saint François. Vue sur la nef de l’église inférieure

La nef de l'église inférieure a été creusée dans le roc. Elle est richement décorée de fresques de la deuxième moitié du XIIIè siècle. Les chapelles ont été construites à la fin du XIIIè siècle. Le transept et les chapelles ont été décorés dans les deux premières décennies du XIVème siècle par Simone Martini, Pietro Lorenzetti et Giotto.

Maître de Saint François : Assise, église saint François. Vue sur la nef de l’église inférieure
Maître de Saint François : Assise, église saint François. Vue sur la nef de l’église inférieure

L'ouverture des chapelles latérales à la fin du XIIIè siècle a en partie endommagé les fresques peintes à partir de 1250, principalement par le Maître de Saint-François. Cependant, de larges sections sont restées intactes.

Maître de Saint François : scènes de la passion du Christ : le Christ sur la croix. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François
Maître de Saint François : scènes de la passion du Christ : le Christ sur la croix. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François
Maître de Saint François : scènes de la passion du Christ : la déposition de la croix. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François
Maître de Saint François : scènes de la passion du Christ : la déposition de la croix. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François
Maître de Saint François : scènes de la passion du Christ : la déploration du Christ mort. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François
Maître de Saint François : scènes de la passion du Christ : la déploration du Christ mort. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François
 Maître de Saint François : scènes de la vie de saint François : François prêchant aux oiseaux. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François
Maître de Saint François : scènes de la vie de saint François : François prêchant aux oiseaux. Entre 1260 et 1280. Fresque. Assise, église inférieure saint François

9.3.2. Gentile da Fabriano

9.3.2.1. Biographie

Gentile di Niccolò di Giovanni Massi, dit Gentile da Fabriano (Vers 1370-vers 1427) est un peintre italien connu pour sa contribution au rayonnement style gothique international. D'abord nommé Gentile di Niccolò di Giovanni di Massio, il a par la suite été nommé d'après son lieu de naissance, Fabriano dans les Marches. Il est formé en Ombrie dans l'ambiance du style gothique international puis travaille dans de nombreuses villes italiennes et développe un style élégant empreint d'une certaine préciosité. Il est rapidement reconnu comme un des artistes les plus féconds d’Italie, mais nombre de ses œuvres ont été détruites comme des fresques dans le palais des Doges à Venise (1408), les fresques du Broletto de Brescia (1415-1419), des fresques du cycle de la vie de Saint Jean Baptiste à Saint-Jean de Latran de Rome (1427), des oeuvres à Florence, Sienne, et Orvieto.

Les principales œuvres qui lui survivent sont le Couronnement de la Vierge et les saints pour le couvent de Valleromita, de 1410 (pinacothèque de Brera, Milan), le polyptyque de l'Autel Quaratesi à Santa Croce de Florence (1425), une Madone en Gloire (pinacothèque de Brera, Milan), une Présentation au Temple (musée du Louvre, Paris)…

Son chef d’œuvre reste le retable de l'Adoration des Mages (1423), peint pour la chapelle Strozzi de l'église de Santa Trinità à Florence (Les Offices), qui le place aux côtés de Ghiberti comme l'un des plus grands représentants du style gothique International en Italie. Ce retable est remarquable non seulement pour son exquise beauté décorative, mais aussi pour le traitement de la lumière naturelle dans la prédelle, où il ya une scène de nuit avec trois différentes sources de lumière. L'œuvre est construite en perspective symbolique, avec quelques éléments qui cherchent à créer une illusion de profondeur (ainsi l'étable et la table placés de biais, la grandeur des personnages dans le lointain...) Réalisé dans le style courtois, aux figures gracieuses et élégantes, le tableau témoigne d'une grande maîtrise de l'art du portrait. Gentile use de la narration continue avec plusieurs scènes figurées dans le tableau. Il met en scène un cortège de personnages vêtus de flamboyants costumes et de chevaux richement caparaçonnés. Gentile da Fabriano fait un usage presque immodéré de l'or, qu’il utilise en particulier pour les broderies des étoffes et les harnais des chevaux.

Gentile a exercé une grande influence, notamment sur Pisanello, son assistant à Venise, Jacopo Bellini, qui a travaillé avec lui à Florence, Michele Giambono et Fra Angelico, qui est son plus grand héritier.

9.3.2.2. L’adoration des Mages

Gentile da Fabriano : Adoration des mages. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Adoration des mages. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices

Le célèbre retable de l’Adoration des Mages, signé et daté 1423 sur le châssis, a été commandé à l’artiste par Palla di Noferi Strozzi, pour sa chapelle familiale de l'église Santa Trinita de Florence. L’opulence et la culture des donateurs Strozzi sont manifestes dans l’utilisation luxueuse de l'or, dans le faste de la procession des Mages, dans la description des animaux exotiques comme les singes et les léopards. Dans cette oeuvre apparaît clairement la persistance de gothique international du début du XVème siècle ; mais ce retable innove dans les trois scènes de la prédelle (Nativité, repos durant la fuite en Égypte, Présentation au Temple), en introduisant un élément totalement nouveau, introdusant l'art de la Renaissance : le ciel bleu qui remplace le traditionnel fond or.

Gentile da Fabriano : Adoration des mages. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Adoration des mages. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices

Cette œuvre de Gentile da Fabriano, n'est pas géométriquement construite. L’œuvre doit être « lue » comme le texte d'un récit, à partir de l'angle supérieur gauche, où les trois Rois Mages, réunis au bord de la mer, contemplent l'étoile qu'ils doivent suivre. Leur route serpente ensuite entre entre les collines et les champs cultivés, en direction de Jérusalem sous le cadre de l'arche centrale… Puis changeant brusquement de direction, la masse du cortège surgit soudainement d’un profond ravin que bordent un rocher et une barrière… Maintenant, on peut discerner les visages, et observer les plus petits détails des vêtements, des armes et des harnachements. La multitude, formée de chasseurs, de nobles, d’animaux exotiques s'arrête à la droite de premier plan, ayant atteint sa destination. Les rois, descendus de leur monture, s’approchent de la crèche, le plus jeune entraînant son page qui achève de le débarasser de ses éperons (debout derrière le roi se tient le donateur, Palla Strozzi)… Le second roi est sur le point de remettre son don alors que l'aîné est prosterné et embrasse les pieds de l’Enfant Dieu devant l’élégante Vierge, ravies par la scène.

Gentile da Fabriano joue de façon magistrale avec cette immense foule qu’il ébranle, déplace, stoppe et avec laquelle il créé et modifie les atmosphères… Sur les rives de la mer infinie, les rois mages en contemplation de l’étoile baignent dans un silence cosmique ; la marche elle-même est extrêmement animée, voire fébrile : ce sont conversations d’une troupe en déplacement, agitation des chevaux et cavaliers, paysages attirants, excitation des oiseaux et des singes… Puis progressivement, depuis la droite au premier plan, s’installe une profonde ambiance de dévotion, de silence et de méditation, amplifiée par la rupture que constituent la grotte et le portique du bâtiment entre la foule bigarrée et les personnages principaux de l’adoration.

Ainsi Gentile da Fabriano est non seulement capable de représenter des objets avec précision, mais aussi tous les minuscules changements des expressions du visage ou de la direction des regards et ainsi d’établir des liens entre les personnages. L'abondance de ces détails réalistes que peint Gentile da Fabriano le rapporche grandement de l’art de la Renaissance et de ses représentations idéales de la réalité.

Gentile da Fabriano : Adoration des mages, détail. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Adoration des mages, détail. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices

Le banquier Palla Strozzi, qui a commandé le travail, est lui-même dépeint avec son fils juste derrière le jeune roi. Ce n'est pas seulement le magnifique décor de l'œuvre et les animaux exotiques qui se réfèrent à la culture courtoise du gothique international, mais aussi les motifs chevaleresques du chevalier à genoux et du roi offrant un présent…

Gentile da Fabriano : Nativité. Détail de la prédelle du retable de l’Adoration des Mages. 1423. Tempera sur bois, 32 x 75 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Nativité. Détail de la prédelle du retable de l’Adoration des Mages. 1423. Tempera sur bois, 32 x 75 cm. Florence, les Offices

Cette nativité se trouve à gauche de la prédelle du grand retable Adoration des Mages.

Dans cette scène l’artiste à particulièrement travaillé les jeux de lumière : le rayonnement lumineux émane du corps de l’Enfant, dans la partie centrale du panneau, baignant les personnages et le paysage dans une douce lueur qui est à la fois un effet du rayonnement de la lune sur le paysage naturel qu’une manifestation du surnaturel. L’artiste joue même sur le jeu d’ombre à gauche du tableau, dans l’humble bâtiment ou deux femmes sont assises… Une telle représentation du divin à travers les phénomènes naturels soigneusement observés est encore reproduite dans le coin supérieur droit du tableau où l'ange apparaît aux bergers pour annoncer la naissance du Christ.

Gentile da Fabriano : Repos durant la fuite en Egypte. Détail de la prédelle du retable de l’Adoration des Mages. 1423. Tempera sur bois, 32 x 110 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Repos durant la fuite en Egypte. Détail de la prédelle du retable de l’Adoration des Mages. 1423. Tempera sur bois, 32 x 110 cm. Florence, les Offices

C'est la scène centrale de la prédelle du le grand retable de l’Adoration des Mages.

L'habileté de Gentile est remarquable dans cette scène de la fuite en Égypte représentant Marie et Joseph soustrayant le Christ enfant à la cruauté d’Hérode. Il y introduit des personnages, des animaux, des châteaux, une ville et surtout, et ce qui est peut-être le plus extraordinaire pour l'époque, un vaste paysage. En plus des petites collines rocheuses qui encadrent le centre de l’oeuvre, le paysage s'ouvre sur largement de chaque côté, formant un large panorama, révélateur d’une nouvelle manière de concevoire la peinture : la Renaisance est toute proche.

Gentile da Fabriano : Présentation de Jésus au Temple. Détail de la prédelle du retable de l’Adoration des Mages. 1423. Tempera sur bois, 25 x 62 cm. Paris, Musée du Louvre
Gentile da Fabriano : Présentation de Jésus au Temple. Détail de la prédelle du retable de l’Adoration des Mages. 1423. Tempera sur bois, 25 x 62 cm. Paris, Musée du Louvre

La présentation de Jésus au Temple est la scène représentée du côté droit de la prédelledu le grand retable de l’Adoration des Mages.

 Gentile da Fabriano : Adoration des mages, détail. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Adoration des mages, détail. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Adoration des mages, détail. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Adoration des mages, détail. 1423 Tempera sur bois, 300 x 282 cm. Florence, les Offices

9.3.2.3. L’annonciation

Gentile da Fabriano : Annonciation. Vers 1425. Tempera et feuille d’or sur bois, 41 x 48 cm. Vatican, Pinacothèque
Gentile da Fabriano : Annonciation. Vers 1425. Tempera et feuille d’or sur bois, 41 x 48 cm. Vatican, Pinacothèque

Ce petit panneau, qui allie la rigueur de la construction perspective avec l’inspiration du style courtois dans la profusion décorative, est généralement daté des environs de 1425, année où le peintre, en route vers Rome à l'invitation du pape Martin V Colonna (1417-1451), réside quelque temps à Florence, où il créé quelques-uns de ses plus grands chefs-d'oeuvre.

La scène se déroule dans une pièce fermée sur trois côtés et ouverte en façade, tel un portique. Elle est est éclairée par des roses et d’autres fenêtres de facture gothique. Une frise gothique formée d’arcs trèflés court le long de la corniche supérieure de la pièce dont le plafond est à caissons. L’ange pénètre dans la pièce par une porte voûtée ouverte sur un jardin où l’on devine des arbres chargés de fruits à l'extrême gauche. La Vierge, surprise en pleine lecture par l'ange de l'Annonciation, est assise sur une banquette en forme de L richement ornée de panneaux de marqueterie en forme de diamant, de pastilles et des cercles ; ses pieds reposent sur un magnifique tapis.

Gentile da Fabriano : Annonciation, détail. Vers 1425. Tempera et feuille d’or sur bois, 41 x 48 cm. Vatican, Pinacothèque
Gentile da Fabriano : Annonciation, détail. Vers 1425. Tempera et feuille d’or sur bois, 41 x 48 cm. Vatican, Pinacothèque

9.3.2.4. Le couronnement de la Vierge

Gentile da Fabriano : Couronnement de la Vierge avec saints. Vers 1400. Tempera sur panneau de bois. Milan, Pinacothèque de la Brera
Gentile da Fabriano : Couronnement de la Vierge avec saints. Vers 1400. Tempera sur panneau de bois. Milan, Pinacothèque de la Brera

Ce polyptyque du couronnement de la Vierge a été exécuté pour le couvent de Valle Romita à Fabriano autour de 1400. Autour du panneau central représentant le couronnement de la Vierge par son fils, s’ordonnent, dans une structure gothique, deux volets à double registre : à gauche saint Jérôme et saint François que surmontent respectivement les scènes de saint Jean-Baptiste dans le désert et L'exécution de saint Pierre de Vérone ; à droite saint Dominique et Marie-Madeleine qui surmontent respectivement les scènes de saint Thomas d’Aquin en étude et de la stigmatisation de saint François.

Lors de sa formation, Gentile da Fabriano a subit quelques influences déterminantes : le milieu des peintres miniaturistes et graphistes de la fin du XIVè siècle en Lombardie comme le prouve l’affinité de l’artiste avec Michelino da Besozzo, les maîtres de tendances « mixtes » (orient-Italie) comme Barnaba da Modena et Taddeo di Bartolo, l'art de Vénitie et de Toscane.

Dans le panneau central la Vierge est couronnée par le Christ, en présence de Dieu le Père et du Saint-Esprit. La composition raffinée et délicate est accentuée par les trois personnages en apesanteur et des éléments inconsistants comme la colombre et les anges nimbés entourant Dieu le père…

Dans les panneaux latéraux les saints eux aussi semblent trsè « aériens » dans leurs amples drapés ; il ya un jeu très raffiné de variations de couleur entre les quatre personnages. Le rouge, blanc et or de la chasuble de saint Jérôme et le rose et violet du costume de Marie-Madeleine contrastent avec le brun plus sobre de la bure de saint François et noir du manteau de Saint Dominique. Seuls sont visibles les pieds de Saint François, attribut très fréquent de son iconographie. Les pieds des autres personnages restent invisibles, noyés dans leurs robes et l’épais tapis de fleurs.

Gentile da Fabriano : Couronnement de la Vierge avec saints. Vers 1400. Tempera sur panneau de bois, 117 x 40 cm. Milan, Pinacothèque de la Brera
Gentile da Fabriano : Couronnement de la Vierge avec saints. Vers 1400. Tempera sur panneau de bois, 117 x 40 cm. Milan, Pinacothèque de la Brera

Le détail du polyptyque montre la figure de Marie Madeleine.

Gentile da Fabriano : Madone avec l’enfant. 1425. Fresque. Orvieto, Dôme
Gentile da Fabriano : Madone avec l’enfant. 1425. Fresque. Orvieto, Dôme

La fresque est située sur la paroi gauche de la cathédrale d’Orvieto. La figure de Sainte Catherine, sur le côté droit du tableau, a été ajoutée par Giovanbattista Ragazzini de Ravenne en 1586.

9.3.2.5. Le retable Quaratesi

Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi : Vierge. 1425. Tempera à l’oeuf sur peuplier, 140 x 83 cm. Londres, National Gallery
Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi : Vierge. 1425. Tempera à l’oeuf sur peuplier, 140 x 83 cm. Londres, National Gallery

Le polyptyque Quaratesi fut peint pour le maître-autel de l’église San Niccolò Oltrarno de Florence. Démembré au XIXe siècle, il se composait initialement d’un Vierge à l'Enfant entourée de saints : Marie-Madeleine et Nicolas de Bari, sur la gauche, et Jean-Baptiste et Georges sur la droite, chacun dans un panneau de bois sumonté d’un gâble gothique. Les saints (Offices, Florence) se tiennent debout sur une estrade peinte, dont les bords sont visibles des deux côtés du trône de Marie, un peu comme des personnages se trouvant sur un balcon à colonnes ou une loggia ouverte. De même, au Christ de l’oculus du pignon au-dessus de la Vierge, correspondent d'autres personnages dans les oculi surmontant les figures des saints des volets latéraux. Quant à la prédelle (aujourd'hui au Vatican), elle est animée de scènes racontant les actes de Saint Nicolas, saint titulaire de l'église. Tous ces éléments sont en outre harmonisés grâce à de subtils jeux de composition et de couleurs. Les somptueux effets décoratifs de Gentile sont admirables, avec les brocards d’or, la tenture derrière la Vierge, les magnifiques habits de la vierge, le jeu des couleurs…

Malgré cette magnificence, le groupe central conserve une gracieuse intimité. La Vierge, d'une beauté idéale de l’époque avec des cheveux blonds, un large front et bouche aux lèvres bien roses, garde un regard grave alors que l’enfant sourit de contentement en montrant ses dents. S’agrippant fermement au manteau de sa mère, il se tourne vers les anges en adoration et tient entre pouce et index une marguerite, symbole de son innocence, cueillie dans les cieux, le « jardin de l'éternel printemps ».

Gentile da Fabriano : Quatre saints du polyptyque Quaratesi : 1425. Tempera sur panneau de bois, 197 x 57 cm. (chaque panneau). Florence, les Offices
Gentile da Fabriano : Quatre saints du polyptyque Quaratesi : 1425. Tempera sur panneau de bois, 197 x 57 cm. (chaque panneau). Florence, les Offices

En dépit de la fragmentation de l’œuvre, les solides figures de ces saints montrent la manière de peindre que Gentile da Fabriano a développée au cours du temps qu’il a passé à Florence. Sans compromettre la grâce de ses lignes ou de la richesse de ses matériaux, où il reste résolument gothique, il est conscient des progrès réalisés dans l'art à cette époque, particulièrement par Masolino et Masaccio. Ainsi l’herbe en floraison, si courante dans sa « première époque » est ici remplacée par un sol carrelé, qui fera florès à la Renaissance. Chacun de ses personnages est traité avec solemnité et monumentalisation : volumes et espaces sont traités avec beaucoup plus de rigueur, même si globalement l’atmosphère reste gothique.

Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi, prédelle : pélerins sur la tombe de Saint Nicolas de Bari. 1425. Panneau de bois, 36 x 35 cm. Washington, National Gallery of Art
Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi, prédelle : pélerins sur la tombe de Saint Nicolas de Bari. 1425. Panneau de bois, 36 x 35 cm. Washington, National Gallery of Art

Ce panneau faisait partie de la prédelle du retable Quaratesi aujourd’hui démembré. Gentile da Fabriano traite cette petite scène plus librement que les grands panneaux principaux, par définition plus hiératiques. Ici, il montre l'intérieur d'une église avec un traitement plutôt convaincant de l'espace, tâche relativement ardue.

Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi, prédelle : Saint Nicolas et les trios pauvres filles. 1425. Huile sur panneau de bois. Vatican, Pinacothèque.Pinacothèque
Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi, prédelle : Saint Nicolas et les trios pauvres filles. 1425. Huile sur panneau de bois. Vatican, Pinacothèque.Pinacothèque
 Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi, prédelle : Saint Nicolas sauve un navire pris dans la tempête. 1425. Huile sur panneau de bois. Vatican, Pinacothèque
Gentile da Fabriano : Retable Quaratesi, prédelle : Saint Nicolas sauve un navire pris dans la tempête. 1425. Huile sur panneau de bois. Vatican, Pinacothèque

9.3.2.6. Å’uvres diverses

Gentile da Fabriano : Vierge à l’enfant avec saint Nicolas et sainte Catherine. Vers 1405. Tempera sur panneau de bois. Berlin, Staatliche Museen
Gentile da Fabriano : Vierge à l’enfant avec saint Nicolas et sainte Catherine. Vers 1405. Tempera sur panneau de bois. Berlin, Staatliche Museen

Cette Madone est typique des premières œuvres de Gentile. L’œuvre révèle en particulier les éléments siennois et Lombard de sa formation ; elle possède en effet possède toutes les caractéristiques de l'art gothique tardif international : utilisation de matériaux précieux sur un magnifique fond or, attention portée aux détails naturels (herbe en floraison), les lignes sinueuses, les expressions et les gestes gracieux.

Saint Nicolas est le saint patron du donateur et commanditaire du panneau. Il est à genoux en prière et l'enfant Jésus lève sa main bénissante en sa direction. « Détail gothique charmant » supplémentaire : les anges musiciens perchés, tels de oiseaux, dans le feuillage des arbres.



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