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Strasbourg : la ville au Moyen Age (Alsace)

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2. Le Moyen Age : la ville épiscopale : 1002-1334

La ville sous l’épiscopat de Wernher
Strasbourg et la querelle des investitures
La montée en puissance du chapitre cathédral : 1131-1262
La lutte de la bourgeoisie contre l’évêque

2.2. Strasbourg et la querelle des investitures

Le cours des événements change brusquement lorsque le fils de Henri III, le futur empereur Henri IV (1056- 1106), à peine âgé de seize ans, nomme au siège de Strasbourg, en mars 1065, un adversaire acharné de la cause grégorienne, Werner d’Achalm (1065-1077), originaire d’un modeste comté de Souabe, aux environs de Reutlingen. C’est un prélat indigne : souvent absent de Strasbourg, il se conduit de façon scandaleuse, vivant en concubinage et recommandant à ses prêtres de prendre femme. Le pape Alexandre II (1061-1073) lui interdit temporairement l’exercice des fonctions épiscopales ; en 1074 Grégoire VII le prive de sa charge épiscopale et presbytérale ; ces sanctions ne le font pas changer de conduite. En janvier 1076, il participe à la diète de Worms, où Henri IV fait déposer le pape par les évêques à sa botte. Il est excommunié avec les autres prélats partisans de l’empereur. En janvier 1077, il accompagne son maître à Canossa, mais il n’en demeure pas moins fidèle à la cause impériale. Le 14 novembre 1077, la mort le frappe, alors qu’il partait à l’assaut de l’abbaye de Hirsau, restaurée par le comte Adalbert II de Calw - un neveu du pape Léon IX -, et gagnée à la Réforme grégorienne. Aux yeux de l’évêque Werner, Hirsau n’était là qu’un « repaire du papalisme ».

Werner d’Achalm, fervent partisan de l’empereur Henri II, l’accompagna à Canossa
Werner d’Achalm, fervent partisan de l’empereur Henri II, l’accompagna à Canossa

Pour Henri IV l’humiliation de Canossa le renforce dans sa volonté de combattre le pape et de garder la haute main sur la nomination de l’évêque. D’Achalm mort, il investit Thiepald, prévôt du chapitre de Constance malgré l’opposition du chapitre cathédral qui désirait que la nomination se fasse en son sein. Mais à la mort de Thiepalt en 1082, le chapitre se prononce pour une élection canonique, dans le sens de la réforme grégorienne. Le projet est sans doute contrarié par Frédéric Hohenstaufen « le Borgne », que l’empereur venait de nommer duc d’Alsace et de Souabe et auquel il avait donné mission d’éradiquer les champions du pape, les puissants Eguisheim.

Blason des Eguisheim
Blason des Eguisheim

Frédéric obtient de l’empereur la nomination au siège épiscopal de son frère, Otton de Hohenstaufen (1083-100) qui aussitôt s’engage dans la lutte contre le pape et dans le schisme en reconnaissant l’antipape Clément III, une créature de Henri IV. Otton envahit en 1086 le domaine de Hugues VII d’Eguisheim, Dabo ; mais il se laisse surprendre et se voit dépouillé des insignes de sa charge. Une tentative de conciliation aboutit au meurtre d’Henri VII dans les appartements même de l’évêque le 4 septembre 1089. Ce meurtre discrédite la cause épiscopale, et Otton finit par prendre ses distances avec l’empereur et à se rapprocher du Pape Urbain II qui l’oblige sans doute à se croiser (1096-1099). De retour de croisade il rallie cependant à nouveau la cause impériale ; peut avant sa mort en 1100, l’empereur lui confère le titre de prince d’Empire… La cause impériale semble l’emporter alors à Strasbourg, malgré les violentes diatribes du fougueux Manegold de Lautenbach et de sa « Lettre à Gebhart »… Jamais la position épiscopale n’a été aussi puissante en Alsace qu’à cette époque : « les droits épiscopaux, très dispersés, s’étendaient sur une centaine de villages ; il étaient groupés en huit districts, dont quatre en Basse Alsace, un à Rouffach, et trois dans l’Ortenau ; l’administration en était assurée par des baillis, siégeant dans des châteaux, sous la direction d’un vidame épiscopal installé au palais de Strasbourg, tandis que la collecte des récoltes et des revenus était effectuée par les maires. En outre l’évêque était le seigneur de multiples vassaux dont le nombre n’avait cessé de croître depuis le Xè siècle ». (Philippe Dollinger).

Parchemin du Moyen Age évoquant la querelle des Investitures
Parchemin du Moyen Age évoquant la querelle des Investitures

Otton mort, Henri IV impose encore deux évêques à Strasbourg : Baudouin qui meurt rapidement (100) et Cunon (1100-1123), chanoine de Spire, Goslar et Strasbourg. Le pape refuse son consentement à la nomination, et malgré l’opposition du chapitre, l’empereur passe outre. En 1106 Henri V succède à son père ; il se rend aux arguments du chapitre et dépose l’évêque en 1023 alors que ce dernier se fut rallié à la cause papale. Désavoué par l’empereur, haï par le chapitre et par la population, accusé par le clergé de la ville d’avoir dilapidé les biens de l’évêché, Cunon est chassé, victime pitoyable d’intrigues qui le dépassent totalement…

Le 23 septembre 1122 est signé le « concordat de Worms » : ce compromis marque théoriquement la fin de la querelle des investitures, l’empereur renonçant toute nomination par le crosse et l’anneau, mais restant maître du jeu en matière temporelle. Le texte est cependant assez ambigu quant au rôle de l’empereur dans l’élection épiscopale, refusée par ailleurs au chapitre.

Aussi les principes de Worms sont immédiatement mis de coté aussi bien par l’empereur que par le chapitre. L’empereur nomme évêque de Strasbourg le chanoine de Bamberg Brunon qui est aussi son chancelier. Ce qui déplaît hautement au chapitre, assez puissant pour estimer s’assurer le monopole des candidatures à l’évêché. Le chapitre est alors assez puissant, car tout au long du XIè il s’était acquis une autorité assez importante pour disposer d’une mense capitulaire (patrimoine en terres, villages et biens) qu’il gérait lui-même depuis le début du XIè et indépendamment de l’évêque.

La querelle des investitures : l’empereur Henri IV, soutenu par Hugues de Cluny, implore Mathilde de Toscane pour qu’elle intervienne auprès du pape Grégoire VII. Parchemin de 1144 « Vie de Mathilde ». Rome, Bibliothèque Vaticane
La querelle des investitures : l’empereur Henri IV, soutenu par Hugues de Cluny, implore Mathilde de Toscane pour qu’elle intervienne auprès du pape Grégoire VII. Parchemin de 1144 « Vie de Mathilde ». Rome, Bibliothèque Vaticane

Aussi lorsque Henri V meurt en 1125 et que se querellent pour sa succession Frédéric de Hohenstaufen « le Borgne » et Lothaire III de Supplimbourg, les adversaires du Hohenstaufen chassent Brunon du siège épiscopal de Strasbourg. Est élu Eberhard chanoine de la cathédrale et partisan du nouvel empereur Lothaire (1123-1137). Eberhard meurt en 1127 et Brunon, rentré en grâces auprès de Lothaire, retrouve son siège. Mais au synode de Mayence, en juin 1131, Brunon doit subir les attaques du chapitre de Strasbourg et tombe en disgrâce auprès de Lothaire qui, face aux menaces des Hohenstaufen, a besoin de ‘appui de la bourgeoisie de Strasbourg, de plus en plus influente, et donc d’un épiscope qui s’entendit avec elle. Brunon est assez intelligent pour éviter une honteuse déposition autoritaire : il se retire à Bamberg où il va mourir en 1162.

C’est ainsi que s’achève à Strasbourg la querelle des investitures. Elle signe en fait la victoire de deux grandes factions dont l’influence à Strasbourg va aller en grandissant : le chapitre cathédral qui va se réserver progressivement l’exclusivité de la nomination de l’évêque de la ville, et la bourgeoisie, de plus en plus puissante et influente.



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