L’art en France entre 1800 et 1850
2.9. Mobilier et décor
Dès le Directoire, l'activité artistique reprend avec une folie de luxe incroyable. Le symbolisme des attributs révolutionnaires (faisceaux, piques, compas, cocardes) dans l'ornement témoignent d'un goût nouveau de fantaisie, de même que les meubles étrusques, grecs, égyptiens : Jacob fait pour David l'ameublement antique de son atelier. L'acajou orné de bronze triomphe. Le style Directoire garde des souvenirs Louis XVI (meubles peints) avec adjonction d'emblèmes antiques, orientaux, égyptiens, italiens (Percier et Fontaine réintroduisent les rinceaux et arabesques du XVè et du XVIè siècle).
| Meubles style directoire |
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| Lits de style directoire |
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| Fontainebleau : salle du trône par Percier et Fontaine |
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| Fontainebleau : chambre de l’impératrice par Percier et Fontaines |
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Sous l'Empire les meubles s'alourdissent, se surchargent de bronzes finement ciselés. Antoine André Ravrio et Pierre Philippe Thomire ornent de figurines, souvent très délicates, des meubles d'acajou qu'inventent Riesener, Lignereux et les fils du vieux Jacob, Georges Jacob et F.H. Jacob Desmalter. L'armoire à bijoux de Marie-Louise, par Jacob Desmalter (bronzes de Chaudet) à Fontainebleau, est typique de ces meubles. La table des Maréchaux, dessinée par Percier, montée par Thomire, et dont le plateau circulaire est orné par Isabey, est un chef-d'oeuvre du genre.
| Pierre Philippe Thomire : Pendule représentant Mars et Venus, allégorie du mariage entre Napoléon Ier et l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche. Bronze patiné et doré, vers 1810. Paris, musée du Louvre |
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| Pierre Philippe Thomire : console. Vers 1800-1806. Paris, musée du Louvre |
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| Pierre-Philippe Thomire : vase. 1819. Malachite, bronze. Hauteur avec piédestal : 279.4 cm ; hauteur du vase : 171.5 cm. New York, Metropolitan Museum |
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| Jean Henri Riesener : commode. Versailles, Petit Trianon |
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| Jean Henri Riesener : secrétaire à cylindre. 1784. Paris, Musée du Louvre |
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| François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter : Fauteuil de la Tribune de l'Impératrice au Corps Législatif. 1804-1805 Bois sculpté et doré, velours rouge |
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| François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter : trône. 1805. Provient du corps législatif |
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| Jacob-Desmalter, Charles Percier, Pierre-Philippe Thomire : Armoire serre-bijoux de l’impératrice Joséphine dite « grand écrin ». 1809 |
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Après 1816, le rôle de la duchesse de Berry dans l'évolution des arts décoratifs est important. Le bal blanc de l'« Ange de la Monarchie » ou celui de « Marie Stuart » (1829) marquent d'une note romantique les fêtes des Tuileries. Entichée d'art médiéval, elle commande à Hitorff et Lecointe la décoration gothique de Notre-Dame pour le baptême du duc de Bordeaux.
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Sir Thomas Lawrence (1769-1830) : Marie Caroline de Bourbon-Sicile (1798-1870), duchesse de Berry. 1825. Huile sur toile, Versailles, châteaux de Versailles et de Triano |
Elle aide à la propagation du goût « troubadour », qui correspond au succès de Walter Scott. Les meubles gardent des formes architecturales et massives : les bronzes reprennent des motifs Louis XVI, fleurs et feuillages, les bois sont souvent clairs (citronnier, buis). Le recueil de « la Mésangère » donne l'idée de la fantaisie des décorateurs Restauration. Les tentures, les tapis sont de couleurs vives. La tapisserie familiale triomphe et s'introduit dans les bibelots, dont l'époque fait débauche. Ces tendances s'accentuent sous Louis-Philippe. Au goût du Moyen Âge succède, à partir de 1835, celui de la Renaissance, et l'anticomanie sévit partout (Sommerard ou Balzac). Le meuble devient pastiche, comme le décor de la vie, et on n'est pas choqué par l'imitation. Le faux est une industrie. Le fer est utilisé pour faire des meubles (lits, chaises). L'ornement est incrusté en bois clair sur acajou ou palissandre, ou en nacre. Les ébénistes Bellangé, Werner, Grohé, d'origine allemande, tentent toutes les imitations, même celle du style Louis XV, ou celle d'un Orient de bazar. La mode des fleurs d'appartement participe de la tendance à la surcharge.
| Semainier rectangulaire en bronze patiné néogothique de style troubadour, avec les jours de la semaine en caractère gothique dans un médaillon en bronze doré. Epoque Louis-Philippe, vers 183 |
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| Château de Digoine en Charolais : bibliothèque de style « néogothique » ou troubadour. Epoque de Charles X, vers 1825 |
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