Auschwitz, camp de concentration nazi
4.4. Expériences médicales
Les « médecins de la mort »
Les expériences menées à Auschwitz
4.4.1. Les « médecins de la mort »
Comme dans de nombreux camps nazis, les médecins SS ont procédé à des expériences « scientifiques » sur des déportés. Ces expériences n'ont donné aucun résultat scientifique ; par contre, elles ont coûté la vie à des milliers de malheureux, assassinés dans des conditions atroces.
Le « Revier » du camp, en plus des conditions de vie infernales qui y règnent, sert également de lieu de sélection pour des expérimentations « médicales ». Au Stammlager, c'est le sinistre « Block 10 » qui sert de laboratoire. De nombreux diplômés en médecine ont donc renié leur serment d'aider et de soigner leur prochain, au bénéfice d'une idéologie meurtrière et d'expérimentations macabres. Les « médecins de la mort » les plus tristement célèbres sont Mengele, Cauberg, Rascher, Ruff, Johann Paul Kremer qui ont précisément pratiqué ces recherches à Auschwitz…
Le Dr Mengele Ă Auschwitz |
Sur ordre de la Luftwaffe, le SS-HauptsturmfĂĽhrer Dr. Sigmund Rascher et le directeur de l’Institut de la mĂ©decine de l’aviation, Siegfried Ruff, mènent des expĂ©riences sur les dĂ©tenus du camp de concentration de Dachau ; environ 170 mourront des suites de ces expĂ©riences. La rĂ©frigĂ©ration dans l'eau glacĂ©e en fait partie. Selon Rascher, « Pour cette sorte d'expĂ©riences en sĂ©rie, Auschwitz est Ă tous points de vue plus appropriĂ© que Dachau, parce qu'il y fait plus froid et que la taille du terrain fait qu'on attire moins l'attention du camp (les personnes qui servent de cobayes hurlent (!), quand elles gèlent). » (Lettre du SS-HauptsturmfĂĽhrer Rascher au ReichsfĂĽhrer SS Heinrich Himmler, 17 fĂ©vrier 1943). Pour une autre sĂ©rie d'expĂ©riences, le Dr. Rascher enferme des dĂ©tenus dans les caissons de dĂ©compression, dans lesquels on simule des altitudes allant jusqu’à 20 000 mètres. LĂ non plus, on ne se prĂ©occupe absolument pas de la mort des cobayes humains : elle fait partie de l’expĂ©rience.Â
Le « médecin de la mort » Sigmund Rascher |
A Auschwitz et Ravensbrück, le professeur Carl Clauberg, médecin-chef de la clinique de gynécologie de Königshütte, expérimente pour le compte de Himmler un procédé de stérilisation sur des femmes juives et sur des « Gitans ». Beaucoup en meurent. Condamné à 25 ans de prison en Union Soviétique, Clauberg, grâce à un accord entre Bonn et Moscou, est libéré et rentre en République fédérale d’Allemagne avec d'autres prisonniers de guerre condamnés. A nouveau arrêté, il meurt peu avant son procès.
L’exemple de l’Institut Kaiser-Wilhelm d’anthropologie, d’hérédité humaine et d’eugénisme de Berlin met à nu le lien causal entre une science ennemie de l’homme et des pratiques criminelles. A partir de 1933, son directeur, le professeur Eugen Fischer, théoricien promoteur de la politique raciale nazie, travaille étroitement avec la SS et l'Organisme SS chargé de préserver la « pureté de la race » le « Reichssippenamt ». En 1942, son élève, le professeur Otmar Freiherr von Verschuer, qui se livre à des recherches sur les jumeaux, prend sa succession. Un an plus tard, son ancien assistant, le docteur Josef Mengele devient médecin au camp d’Auschwitz. Avec l’autorisation de Himmler, Mengele participe à Auschwitz à un projet de recherche de Verschuer, financé par la Communauté de la recherche allemande. Il injecte le typhus à des jumeaux et les fait ensuite assassiner. Il envoie les préparations d’organes à Berlin, à son directeur de thèse. En 1945, Verschuer fait disparaître toutes les épreuves qui pourraient l’accuser et poursuit sa carrière à l’Université de Münster. Mengele fuit en Amérique latine où il décède en 1979. Fischer devient Président d’honneur de la Société d’anthropologie allemande…
Mengele et son fils Rolf au Brésil en 1977 |
D'autres médecins SS contaminent leurs victimes avec la malaria, le typhus exanthématique, la gangrène gazeuse, leur infligent des brûlures au phosphore et font des essais de transplantation osseuse.