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Auschwitz, camp de concentration nazi

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7.2. Les condamnés

La Judenrampe
Les gazages au Stammlager par Rudlf Höss
Les gazages à Birkenau
L’incinération
La récupération
J’étais membre du Sonderkommando
Le témoignage de Rudolf Höss
« Anus mundi »

7.2.5. La récupération

7.2.5.1. J’ai travaillé au Kanada par Kitty Hart

Kitty Hart, une survivante de l'une des équipes du Kanada, décrit le travail.

« J'appartenais aux deux cents nouvelles du camp des femmes, qui avaient été affectées aux commandos du « Kanada ». On nous répartit en plusieurs groupes ; il y avait une équipe de jour, et une équipe de nuit. Notre travail consistait à trier les biens des gens qui avaient été gazés et incinérés. Dans une baraque, un groupe triait des chaussures uniquement ; un autre groupe s'occupait que des vêtements d'hommes, un troisième des vêtements de femmes, un quatrième de vêtements d'enfants. Une autre baraque portait le nom de « baraque de la boustifaille ». Des montagnes entières de vivres, qui avaient emportés par les gazés lors de leur déportation, y moisissaient et y pourrissaient. Dans une autre baraque, on triait les objets de valeurs, les bijoux, l'or et les autres objets précieux. »

« Un groupe spécial devait déblayer l'amoncellement de biens qui avaient été enlevés aux candidats de la mort, et les répartir entre les diverses baraques. Je fus affectée à l'équipe de nuit chargée de trier les vêtements de femmes. Ces vêtements étaient entassés à une extrémité de la baraque. Nous devions en faire des paquets de douze. Les vêtements devaient être soigneusement pliés, et ensuite ficelés. En un laps de temps donné, il fallait avoir confectionné de la sorte un nombre déterminé de paquets. Ceux-ci étaient ensuite entassés dans une autre baraque, pour leur transport. De là, des camions partaient tous les jours, pour livrer en Allemagne ces biens volés. »

« Tous les vêtements devaient être soigneusement palpés, à la recherche de bijoux cachés ou d'or. Le Reich allemand s'attendait à de l'or, à des dollars, à des diamants et d'autres pierres précieuses. Le butin dans ce genre partait en sacs. Bien que la dissimulation de tels objets signifiait la mort, mes trois amies et moi n'avons jamais livré de tels objets. Nous préférions nous servir de billets de banque comme papier de toilette. Nous avons enfoui dans la terre des boîtes remplies d'or et d'objets précieux. Lorsque nous en avions la possibilité, nous remettions de tels objets aux détenus hommes avec lesquels nous entretenions des contacts. Eux de leur côté avaient des contacts avec le mouvement de résistance polonaise à l'extérieur. Nous espérions qu'il serait possible de se procurer de la sorte des armes et des munitions pour une insurrection prochaine. Néanmoins, un camion après l'autre transportait les trésors des victimes en Allemagne… »

Kitty Hart, déportée à Auschwitz-Birkenau, témoignage traduit de l'allemand.
In H. Adler, Hermann Langbein, Ella Lingens-Reiner, Auschwitz, Zeugnisse und Berichte, Köln, Frankfurt, 1979

7.2.5.2. La circulaire Pohl

Certains documents d'archives nazis révèlent la manière dont sont réparties et distribués les biens récupérés sur les victimes, dans la mesure où ils sont livrées au « service économique » de la SS. Un long rapport fait état de la distribution de 825 wagons de vêtements usagés :

B/Ch. 186

Secret

Le 6 février 1944

« Compte rendu sur l'utilisation faite à ce jour des matières textiles usagées, récupérées lors du transfert des Juifs.

La liste ci-jointe indique les quantités de vieilles matières récupérées dans les camps d'Auschwitz et de Lublin, à la suite des transferts des Juifs. La quantité de chiffons est évidemment fort élevée. C'est ce qui diminue d'autant les vêtements usagés utilisables, notamment en ce qui concerne les vêtements pour hommes. Il nous a donc été impossible de satisfaire pleinement la demande de vêtements pour hommes.

Les plus grandes difficultés furent causés par les transports par voie ferrée. Les interruptions continuelles de transports gênèrent l'évacuation des marchandises, qui s'accumulèrent parfois dans les différents camps.

L'arrêt des transports à destination de l'Ukraine, depuis le mois de décembre 1942, s'est fait le plus durement sentir. Il empêcha, en effet, la livraison de vêtements usagés destinés aux Allemands établis là-bas. C'est pourquoi toute la livraison a été détournée par la VOMI (Volksdeutsche Mittelstelle) et déposé dans un grand camp de Lodz. La VOMI en effectuera la livraison dès que la situation des transports sera rétablie quelque peu.

Jusqu'ici, le ministère de l'Economie du Reich a pu mettre à notre disposition le grand nombre de wagons dont nous avons besoin. Ce ministère continuera à intervenir auprès du Ministère des Transports du Reich, et fera valoir la mauvaise situation du secteur textile pour obtenir les wagons nécessaires au transport des matières usagées. »

Signé : Pohl, SS-Obergruppenführer et général des Waffen-SS

Signé : Kersten, SS-Hauptsturmführer.

En annexe à ce document, figurait une liste indiquant la quantité de matières textiles usagées, livrées par les camps de Lublin et d'Auschwitz, sur l'ordre de l'Office central de l'économie SS, comprenant 825 wagons de vêtements usagés, chaussures et chiffons livrés au ministère de l'économie du Reich, au ministère de la Jeunesse, à la VOMI et à d'autres administrations allemandes. Le plus gros client était le Ministère de l'Economie (570 wagons), qui était chargé de la récupération industrielle des chiffons et vêtements hors d'usage, tandis que les autres destinataires distribuaient aux Allemands indigents les vêtements en meilleur état.

Oswald Pohl
Oswald Pohl

7.2.5.3. La circulaire Glücks

L'utilisation industrielle des cheveux humains avait été ordonnée par la circulaire suivante :

Office central SS pour l'Economie et l'Administration

Groupe de Service D

Camps de concentration

 

Oranienburg, le 6 août 1942

Secret

Objet : Utilisation des cheveux

« Le chef de l'Office Central SS pour l'Economie et l'Administration a ordonné de récupérer les cheveux humains dans tous les camps de concentration. Les cheveux humains seront transformés en feutre industriel, après avoir été bobinés en fils. Dépeignés et coupés, les cheveux de femmes permettent de fabriquer des pantoufles pour les équipages des sous-marins, et des bas en feutre pour la Reichsbahn.

Il est ordonné par conséquent de conserver, après les avoir désinfectés, les cheveux coupés des détenues femmes. Les cheveux coupés des détenus hommes ne peuvent être utilisés qu'à partir d'une longueur de 20 mm.

C'est pourquoi le SS-Gruppenführer Pohl est d'accord pour qu'à titre expérimental les cheveux des détenus hommes ne soient coupés que lorsqu'ils ont atteint, après coupe, une longueur de 20 mm. Afin de prévenir les facilités d'évasion offertes par une chevelure plus longue, les détenus doivent être marqués, lorsque le commandant l'estime nécessaire, à l'aide d'une piste de cheveux (« Haarbahn »), découpée dans la chevelure à l'aide d'une tondeuse étroite.

On a l'intention d'utiliser les cheveux rassemblés dans tous les camps de concentration dans une entreprise installée dans l'un des camps. Des instructions plus détaillées sur la livraison des cheveux rassemblés vont suivre.

La quantité de cheveux rassemblés mensuellement (cheveux de femmes et d'hommes séparément), doit m'être communiqué avant le 5 septembre 1942.

Signé : Glücks, SS-Brigadeführer et General-Major de la Waffen-SS.

7.2.5.4. L’or dentaire

La collecte des métaux précieux sur les cadavres est effectuée par les Sonderkommandos qui travaillent en collaboration forcée avec les SS : ces Sonderkommandos sont gazés et renouvelés tous les quatre mois. Provisoirement épargnés, ces esclaves sont chargés de transporter les cadavres des chambres à gaz aux locaux de combustion, de les fouiller et de les détrousser ; ces opérations leur permettent de s'approprier une partie de l'or d'Auschwitz, de corrompre leurs gardiens, de fraterniser avec eux, et de vivre dans l'opulence… mais tous les quatre mois, les Maîtres assassinent les membres du Sonderkommando et en constituent un autre. Le docteur Nyiszli donne une description saisissante de ce cycle :

« Les dents et objets en or fournis chaque jour par les quatre crématoires produisent, après la fonte, entre trente et trente-cinq kilos d'or purs. La fonte s'effectue dans un creuset en graphite d'un diamètre d'environ cinq centimètres. Le poids d'un cylindre en or est de cent quarante grammes. Je le sais exactement pour l'avoir pesé sur la balance de précision de la salle de dissection.

Les médecins qui enlèvent les dents des cadavres avant l'incinération ne jettent pas tous les bridges dans le sceau d'acide sulfurique : une partie, plus ou moins importante, selon la surveillance des SS, va dans la poche des arracheurs de dents. Il en est de même pour les bijoux ou les pierres précieuses cousus dans les vêtements, ainsi que pour les monnaies en or laissées dans la salle de déshabillage. Là, ce sont les membres du Sonderkommando chargés de dépouiller les bagages à main qui en profitent. C'est une opération excessivement dangereuse, il y va de leur vie, car les gardes SS sont présents partout, et surveillent sévèrement les valeurs qui, désormais, appartiennent au IIIè Reich. Ils surveillent particulièrement l'or et les pierres précieuses.

Les hommes du Sonderkommando remettent également à la fonderie l'or qu'ils se sont ainsi procuré. Ils trouvent le moyen de l'y faire parvenir malgré la plus stricte surveillance, et de le reprendre ensuite sous forme de cylindre de cent quarante grammes. L'utilisation de l'or, c'est-à-dire son échange contre les marchandises utiles, est une opération encore plus difficile. Personne ne songe ici à conserver l'or, car chacun sait qu'il est un mort vivant, avec un sursis de quatre mois. Mais dans la situation où se trouvent les membres du Sonderkommando, quatre mois excessivement longs. Etre condamné à mort et effectuer un travail tel que celui qu'ils accomplissent est une épreuve qui broie le corps et l'âme et qui pousse plusieurs d'entre eux dans les abîmes de la folie. Il faut rendre la vie plus facile et plus supportable, même pour ce bref délai. C'est avec l'or qu'on y parvient.

Le cylindre en or de cent quarante grammes devint donc une unité d'échange. Dans la fonderie, il n'y a pas de creuset en graphite plus petit ; par conséquent, il n'y a pas de cylindre en or plus petit non plus. Ici la valeur des objets achetés n'a aucune signification. Celui qui donne l'or a déjà donné sa vie en entrant ici, tandis que celui qui donne quelque chose en échange de l'or joue deux fois sa vie. Une première fois en traversant les barrages de SS qui entourent le camp, et qui comportent quatre contrôles successifs, il introduit des articles difficiles à se procurer en Allemagne, même avec des titres de ravitaillement ; la deuxième fois, lorsque, à travers ce même barrage, il faut sortir l'or donné en échange. Car, aussi bien dans un sens que dans l'autre, il y a une fouille.

L'or s'en va dans la poche d'un homme du Sonderkommando, jusqu'à la porte du crématoire. Là un temps d'arrêt. L'homme du Sonderkommando s'approche du SS et échange quelques mots avec lui. Ce dernier lui tourne le dos et s'éloigne de la porte. Sur la voie ferrée qui passe devant le crématoire travaille une équipe de vingt à vingt-cinq ouvriers polonais, sous la conduite d'un chef. Sur un signe, ce chef d'équipe arrive avec un sac plié et en échange prend l'or enveloppé de papier. Le sac a franchi la porte, et se trouve à présent à l'intérieur du crématoire. Le lendemain, le chef d'équipe prend une nouvelle commande.

L'homme du Sonderkommando entre dans la salle de garde qui se trouve près de la porte. Il sort du sac une centaine de cigarettes et une bouteille d'eau-de-vie. Le SS entre également dans la salle de garde. Il empoche rapidement le flacon ainsi que les cigarettes. Il est content, cela va de soi, car le SS ne reçoit que deux cigarettes par jour et pas d'eau-de-vie du tout. Ici pourtant les cigarettes et l'eau-de-vie sont indispensables, aussi bien comme stimulant que comme narcotique. Les SS boivent, fument et les hommes du Sonderkommando en font de même. Par ce chemin parviennent ici les denrées les plus précieuses et les plus rares, telles que le beurre, le jambon, les oignons et oeufs.

L'or est procuré par un travail collectif, et la répartition des denrées obtenues en échange se fait sur les même bases. Les SS et les hommes du Sonderkommando sont largement approvisionnés en cigarettes, en eau-de-vie et en denrées de toute sorte. Tout le monde fait comme s'il ne savait rien, et personne ne veut rien savoir, car chacun y trouve son avantage. Pris à part, chaque gardien SS est très coopératif et maniable. Ils ne se méfient que les uns des autres. Par contre, ils savent que les hommes du Sonderkommando ne les trahiront pas. C'est pour cela que les cigarettes, l'eau-de-vie et la nourriture destinées aux SS sont remises en tête-à-tête à chacun d'eux par un homme du Sonderkommando.

C'est par la même voie qu'arrive chaque matin le « Völkischer Beobachter », l'organe gouvernemental du IIIè Reich. Prix mensuel de l'abonnement : un cylindre d'or. Celui qui apporte à un détenu d'Auschwitz tous les jours son journal durant trente jours mérite cette paye.

Depuis que je suis dans le crématoire, je suis le premier à le recevoir. Je le lis dans une cachette sûre, puis-je raconte les nouvelles du jour à un détenu préposé aux écritures. Ce dernier les transmet à ses compagnons. Au bout de quelques minutes, tout le monde connaît les derniers événements.

Le Sonderkommando est une formation d'élite dans le camp. Les détenus qui le constituent dorment dans une petite pièce chauffée, aérée et propre. Leurs lits sont propres et moelleux. Les couvertures sont chaudes, ils ont une excellente nourriture et sont bien habillés. Ils ont de quoi fumer et de quoi boire. En conséquence, ils ne perdent pas figure humaine comme le commun des hommes du camp, qui rampent dans leurs baraques sales emplies de poux ou qui, rendus sauvages par la faim, s'entre-déchirent pour un morceau de pain, ou pour la moitié d'une pomme de terre... »

Docteur Nyiszli Miklos : « Médecin à Auschwitz » Editions Famot, Genève, 1976.


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