Le camp de concentration de Gross Rosen

Dans les deux premières années de son existence, le camp de Gross Rosen est un « petit camp », entièrement consacré à l’exploitation de la carrière, avec un régime très dur, comme dans les autres camps. Le travail principal du camp se fait dans la carrière de granit, où les conditions sont aussi terribles qu’à Flössenbourg et où la mortalité est effrayante. Le granit tiré de la carrière de la DEST servira de matériau pour la construction de la halle du Congrès du Parti à Nuremberg. Gross Rosen devient autonome le 1 mai 1941.

A partir de 1943, la situation change : elle empire ; le sort de la guerre bascule, l’est devient moins sûr et les prisonniers commencent à affluer. Ainsi en est-il des Juifs : Entre 1940 et 1943, environ 100 Juifs sont détenus au camp. L’afflux de détenus Juifs se fait à partir de 1943. Entre octobre 1943 et janvier 1945, plus de 60.000 Juifs sont déportés à Gross Rosen. La plupart viennent de Pologne, relayés à partir de mars 1944 par des Juifs hongrois. Peu viendront des autres parties de l’Europe. La plupart de ces 60.000 Juifs faisaient avant leur déportation partie de l’Organisation Schmelt, qui dirigeait les camps de travail des Juifs dans l’est de la Haute Silésie.

Fin 1944, la situation empire encore car le camp accueille des détenus d’autres camps, évacués devant l’avance des Soviétiques. Des milliers de détenus venant d’Auschwitz travaillent, souffrent et meurent dans la carrière, et le camp devient un véritable camp d’extermination déguisé : Belges, Bulgares, Danois, Grecs, Français, Polonais, Roumains, Italiens et Russes…

Les morts sont si nombreux que le crématoire, construit en 1941, ne parvient pas à brûler tous les corps. Si bien qu'en 1943 l'entreprise Topf und Söhne d’Erfurt, qui avait déjà équipé d'autres KZ, entreprend la construction de « fours à quatre chambres et à grand rendement ».