Alsace : l’art roman en Alsace
1. Généralités
Principes architecturaux
Les voûtes romanes
Le « système » roman
Caractères de l’architecture romane
1.3. Le « système » roman
Les premiers à construire des voûtes en pierre sur de vastes nefs sont les moines bénédictins de l'ordre de Cluny et les cisterciens de Cîteaux, au XIème. Tout ce siècle est celui des expériences, car dès le début, les premières voûtes, trop lourdes, jettent par terre murs et piliers sur lesquels elles reposent. A cette poussée, il faut donc répondre par une contre poussée, un contrebutement qui va équilibrer la poussée première. Cela se fait en plusieurs étapes :
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Architecture romane : système de poussées, de contre poussées et de contrebutement |
1.3.1. Equilibre de la voûte en berceau
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Structure générale d’une église romane de type basilical. Ici, saint Etienne de Nevers |
La voûte en berceau, même étroite, exerce une forte poussée, une force oblique tout au long des murs sur lesquels elle repose, et tend à les écarter violemment : à Saulieu, en Côte d'Or, l'écartement varie de 5m33 à 6m33 entre deux travées. Les constructeurs s'appliquent donc à construire des murs très résistants, en les faisant les plus épais possibles. A Issoire, ils ont 1m, et à Aulnay de Saintonge 1m90. On les construit aussi moins hauts : L'EGLISE ROMANE EST DONC MASSIVE.
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Système d’équilibre architectural : la solution romane et la solution gothique |
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Bourg Charente. Eglise du Prieuré Saint Jean. Les trois coupoles sur pendentifs du prieuré Saint jean de Bourg Charente recouvrent tout le vaisseau et la croisée de l’édifice |
Ces murs sont ajourés le moins possible : les fenêtres sont rares et étroites : le problème de la voûte entraîne ainsi le problème de l'éclairage : la lumière arrive dans la nef le plus souvent de manière indirecte, à travers les bas-côtés ou les tribunes. Comme la plupart des églises possèdent des bas-côtés, on perce dans les murs de la nef des grandes arcades en arcs appareillés. Mais pour que ces arcades soient plus solides, on les double par le dessous avec un deuxième arc plus étroit : c'est ce qu'on appelle une arcade à double rouleau.
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Les divers types de murs dans la basilique romane |
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Architecture romane : les principaux types de voûtements et systèmes de contrebutements |
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Conques : église abbatiale sainte Foy. La tribune sur bas-côté et la croisée |
Ces murs solides, il faut les empêcher de tomber vers l'extérieur, en les poussant en sens inverse de la poussée de la voûte, en les « contrebutant ». Le problème de la voûte entraîne donc aussi celui du contrebutement. Les constructeurs renforcent donc les murs à l'extérieur, par des contreforts.
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Contrefort roman |
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Poitiers, Notre Dame la Grande : la nef voûtée en berceau plein cintre |
A l'intérieur, les constructeurs soutiennent le berceau par le dessous, à intervalles réguliers, à l'aide d'arcs saillants appliqués sous la voûte et nommés « arcs doubleaux ». Ces arcs reposent sur des pilastres engagés ou des demi-colonnes engagées dans les murs et nommés dosserets.
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Supports romans : colonnes et piliers |
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Architecture romane : élévation de trois travées à trois étages : grandes arcades, tribunes, fenêtres hautes |
 | Saint Nectaire : vue générale de l’église du prieuré |
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Il y a encore d'autres procédés de contrebutement :
- Les absidioles, qui contrebutent le chevet (Saint Nectaire).
- Les bas-côtés presque aussi hauts que la nef, qui contrebutent cette nef (N.D. La Grande à Poitiers).
- Les tribunes qui surmontent les bas-côtés contrebutent la nef (Conques).
- les voûtes en demi - berceau (quart de cercle contrebutent tout du long le haut mur de la nef. C'est un vrai « mur boutant » (N.D. du Port à Clermont; Saint Eutrope à Saintes).
- Les bas-côtés à berceaux transversaux sont aussi un contrebutement (Fontenay en Côte d'Or; Fontfroide dans l'Hérault).
 | Clermont Ferrand, Notre Dame du Port : Nef centrale. Les bas-côtés sont voûtés en quart de cercle et surmontée de tribunes |
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 | Saintes, saint Eutrope. Il ne reste de roman de « l’église haute » que le bas-coté sud |
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 | Fontenay en Côte d’Or : l’abbaye cistercienne : le bas-côté sud voûté en berceaux transversau |
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Ainsi, les masses des diverses parties de la bâtisse romane sont complémentaires pour l'EQUILIBRE de la construction.
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Structure générale d’une église romane de type basilical. Ici, saint Etienne de Nevers, autre vue |
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Coupe d’une église romane de plan basilical : ici une église à tribunes, saint Etienne de Nevers |
1.3.2. Equilibre et progrès de la voûte d'arêtes
La voûte d'arêtes localise la grosse partie des poussées sur les quatre points d'appui, sur lesquels elle repose, les PILES. Elles sont utilisées dès le début pour les travées des bas-côtés. Le mur reçoit moins de poussée, et on peut alors risquer d'y percer des fenêtres plus spacieuses.
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Architecture romane : la voûte d’arêtes romane des bas-côtés exerce une poussée sur les supports des angles de la travée |
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Architecture romane : voûte en berceau et voûte d’arêtes |
 | Vézelay (Yonne), basilique sainte Madeleine. La nef : vue depuis le chœur et vue depuis le narthex. |
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A partir du XIIè, les constructeurs veulent utiliser la voûte d'arêtes clans la nef, pour réaliser l'éclairage direct de celle-ci. Mais ils rencontrent trop de difficultés (Passage du carré au rectangle de la travée), et on abandonne le système des nefs en voûtes d'arêtes (sauf à Sainte Madeleine de Vézelay, Saint Lazare d'Avallon, Saint Philibert de Dijon, Anzy le Duc, Sainte Marie de Laach).
 | Avallon : collégiale saint Lazare : la nef centrale de 6 travées est voûtée d’arêtes |
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 | Anzy le Duc, église de la Trinité. La nef centrale couverte d’une voûte d’arêtes |
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 | L’église saint Philibert de Dijon, de type roman bourguignon, est voûtée d’arêtes |
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En règle générale :
BERCEAU AVEC OU SANS DOUBLEAUX POUR LES NEFS ET VOUTES D'ARETES POUR LES BAS-COTES.
Chaque voûte d'arête est séparée de la suivante par un arc doubleau à double rouleau. Deux morceaux de cette voûte d'arêtes (deux voûtains) s'appuient donc chacun sur un doubleau. Les deux autres aboutissent dans les murs. On construit alors en légère saillie dans le mur même un arc en pierre appareillée sur laquelle les voûtains viennent s'appuyer. Cet arc s'appelle l'arc FORMERET.
 | Eglise de Maria Laach : la nef |
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 | Saint Nectaire : Voûte de la nef |
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1.3.3. Progrès dus à l'arc brisé
1.3.4. Subordination des piliers aux voûtes
La dépendance des supports aux voûtes est de règle absolue. Avec l'évolution de l'architecture, les piliers deviennent cruciformes, car ils reçoivent les divers arcs doubleaux.
 | L'abbatiale Saint-Pierre et Saint-Paul de Souvigny est une fondation de Cluny au XIè. Mayeul, abbé de Cluny, fut enterré en 994 dans l'église primitive. Odilon de Mercoeur, son successeur, entreprit la construction d'une nouvelle église où il fut inhumé en 1049. Au cours de XIIè, l'église subit de nombreuses transformations. Au XVè, plusieurs parties de l'église furent reconstruites. Vue sur la nef |
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Architecture romane : voûte d’arêtes |
1.3.5. Equilibre de la coupole
1.3.6. Note sur les chapiteaux romans
Le chapiteau roman est si différent du gothique qu'il peut aussi aider à reconnaître qu'une église est romane. Situé à portée de regard, il est un élément didactique pour le fidèle. Il peut être de diverses formes :
 | Anzy le Duc, église de la Trinité. Chapiteau de la nef |
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 | Issoire, saint Austremoine : Chapiteau |
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 | Saulieu, saint Andoche : chapiteau de la fuite en Egypte |
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 | Saulieu, saint Andoche : chapiteau de l’âne de Balâam |
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- Géométrique : gros tronc de pyramide renversé (la face est en trapèze), ou cube...
- Stylisé, dérivant du chapiteau corinthien ;
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Saulieu, saint Andoche : chapiteau corinthien à feuilles d’acanthe |
- Historié : il figure alors des personnages bibliques et raconte des scènes de l’évangile ou de la bible (Moulin mystique de Vézelay, chapiteaux du cloître d’Eschau).
 | Vézelay (Yonne), basilique sainte Madeleine : chapiteau de la nef. Le moulin mystique |
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 | Vézelay (Yonne), basilique sainte Madeleine : chapiteau de la nef. Chasse de saint Eustache |
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- A bestiaire, décrivant des animaux fantastiques dont le Moyen Age était friand, et représentant souvent le monde des enfers…
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Toulouse (Haute Garonne) : basilique saint Sernin. Façade occidentale, porte Miégeville : chapiteau |
1.3.7. Conclusion

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