Alsace : l’art roman en Alsace
6. Eschau : saint Trophime
Histoire
L'extérieur
L'intérieur
Originalité et datation
E cloître
6.5. E cloître
6.5.1. Origine
Le cloître était adossé au flanc nord de l'église. Après les fouilles de 1866 et 1917 on a reconstruit une suite d'arcatures au musée de l’œuvre Notre Dame à Strasbourg. Mais il n'est pas sûr que ce montage corresponde à l'original, ni dans ses dimensions ni dans le nombre des arcatures. Les vestiges présentés ne donnent qu'un pâle aperçu de l'ensemble.
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Le cloître devait avoir 19 mètres sur 12, comporter entre 48 et 56 tailloirs, et des colonnes simples alternant avec des colonnes jumelées.
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6.5.2. Iconographie
Les fragments qui ont été récupérés appartiennent à trois cycles différents : vie du Christ, série allégorique et série décorative.
- Vie du Christ : le cycle de la vie du Christ est introduit par un tailloir double : Annonciation et Nativité d'un coté, Annonce aux bergers au revers. Suit le tailloir simple de l'histoire des Mages, devant Hérode d'abord, puis devant l'Enfant. Vient enfin le tailloir double de la Présentation au Temple avec au revers du Baptême du Christ. Cette scène du Baptême est intéressante car elle montre la colombe portant l'ampoule du chrême : on retrouve cette image dans l'Hortus Deliciarum, au portail disparu de la Commanderie de Saint Jean près de Dorlisheim et au tympan de la cathédrale de Monza : le modèle devait être d'origine grecque. Ce sont les seules scènes conservées. Les inscriptions gravées sur les sommiers en indiquent d'autres : résurrection de Lazare, Multiplication des pains, le pauvre Lazare, les Saintes femmes au tombeau, la Descente aux enfers…
- Cycle allégorique : il présente David jouant de la harpe, David (ou Samson ?) terrassant le lion, croix tressée de serpents et de feuillages, Enée et Didon...
- Série décorative
La série décorative comporte deux boeufs, deux béliers, une cigogne portant une couleuvre, et le prétendu « Basilic ».
- La cuve baptismalela cuve baptismale provient du même atelier ; elle comporte deux registres : en bas : Annonciation, Nativité, Annonce au bergers, Présentation, Baptême, entrée à Jérusalem... En haut : Cène, Christ fait prisonnier, descente de la croix, femmes au tombeau, descente aux Enfers, Pentecôte...
Eschau : cloître. Strasbourg, musée de l’œuvre Notre Dame |
6.5.3. Origine et style
L'atelier qui exécuta ces sculptures œuvra vers 1130. On lui doit aussi le sarcophage de l'évêque Adeloch et les chapiteaux du prieuré détruit de Saint Marc (un seul reste conservé à Colmar).
Ces exécutants ne sont pas des artistes mais des artisans formés dans les arts mineurs du bois (décor végétal taillé et champlevé au cochoir), de l'ivoire (plis et prunelles au trépan), de l'estampage (inscriptions avec lettres en relief). Il y a une indéniable habileté de composition et un harmonieux équilibre des surfaces en relief et de celles en creux. Mais le répertoire manque de variété : l'utilisation d'un « cahier de modèles » est indéniable ; il y a manque d'imagination, voire paresse de l'esprit.