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Struthof, camp de concentration nazi

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2. Histoire

Le camp de 1941 Ă  1944
La fin du camp
Les kommandos après l’évacuation : septembre 1944 – avril 1945

2.1. Le camp de 1941 Ă  1944

Dès septembre 1940, le Standartenführer SS Blumberg prend la décision de construire le « Konzentrationslager Natzwiller  », à 800 mètres d’altitude, dans ce massif des Vosges où le climat est rigoureux, brumeux et froid. La principale raison d’être de ce camp tient à la présence d’une carrière de granite. Le choix du site répond donc à un critère d’ordre économique, cher à Himmler, la gare proche de Rothau permettant facilement le transport du matériel et des hommes… En novembre 1940, l’hôtel du Struthof, exploité jusque là par les propriétaires de la ferme située à 200 mètres de là, est réquisitionné, avec ses dépendances, pour établir un camp provisoire où s’installent les premiers détenus en provenance de Sachsenhausen, hébergés dans les dépendances.

Natzwiller – Struthof : la porte d’entrée
Natzwiller – Struthof : la porte d’entrée

Le 21 mai 1941, 150 « droits communs » de Sachsenhausen, suivis par 286 autres effectuent les travaux de terrassement et d’aménagement du camp, disposé en paliers sur le versant nord de la montagne. Le palier du bas comporte le Bunker avec cellules, salles de tortures et d’autopsie, et le four crématoire (construit à l’automne 1943), à l’intérieur même de l’enceinte du camp. Sur les autres paliers sont édifiées 14 baraques où logent les détenus et une quinzième servant de cuisine…

Natzwiller – Struthof : le camp (en haut), l’hôtel et la chambre à gaz (en bas) en 1950
Natzwiller – Struthof : le camp (en haut), l’hôtel et la chambre à gaz (en bas) en 1950

L’achèvement des 17 baraques (Blocks) du camp principal couvre la période de mai 1941 à octobre 1943. L’ensemble est inscrit dans un rectangle, dont la forme et la superficie répondent aux impératifs de surveillance des détenus. En effet, une superficie aussi peu étendue (1 hectare), supposant l’entassement des hommes, laisse très peu de possibilités à une éventuelle tentative d’évasion. C’est un instrument parmi d’autres de la stratégie coercitive pratiquée par la SS.

Chaque Block de 45 mètres sur 12 mètres, en bois et préfabriqué, est monté par les détenus eux-mêmes ; il comprend une salle, un dortoir, des toilettes et des lavabos très succincts. Les Blocks, prévus au départ pour deux fois 150 hommes, voient le nombre des détenus tripler en 1944. La promiscuité et l’entassement des détenus rendent les conditions de vie et d’hygiène insupportables. Le « Schonung » (salles de convalescence) et le « Krankenbau » (infirmerie ou Revier) sont achevés fin 1941, mais restent d’une piètre efficacité. L’ensemble est balayé par les six miradors d’angle, complétés par deux miradors disposés sur les côtés, assurant ainsi un angle de vue et de tir sans faille.

Natzwiller – Struthof : plan du camp
Natzwiller – Struthof : plan du camp

De chaque côté de l’allée qui mène au portail du camp, sont érigés les bâtiments réservés aux SS. Quatre baraques sont destinées à l’hébergement des gardiens du camp ; les autres servent comme bureaux, ateliers, dépôts ; une salle de projection est même installée en 1944. Les bâtiments administratifs abritent l’infirmerie des SS, l’armurerie, la salle d’interrogatoire de la Politische Abteilung, ainsi que les services téléphoniques et télégraphiques. Des barbelés et des postes de guet entourent l’ensemble de ces bâtiments.

Au lieu-dit du Struthof, là où se situe la ferme-hôtel, une pièce destinée aux expériences de gazage est installée à proximité de l’hôtel ; de fausses pommes de douches sont scellées au plafond de la salle dallée et entourée de carreaux de faïence. Elle est utilisée dès l’été 1943, notamment contre des Juifs venus d’Auschwitz, puis pour des expériences sur les gaz de combat et leurs « antidotes ».

Natzwiller – Struthof : barbelés
Natzwiller – Struthof : barbelés

A 800 mètres du camp principal s’élèvent les bâtiments de la carrière, fermée par trois portails et entourée par une clôture aménagée au fur et à mesure des travaux. Treize Blocks de travail sont bâtis pour la taille des pierres et des ateliers de réparation de moteurs d’avion ; certains bâtiments servent d’entrepôts et hébergent les services techniques et d’entretien. Enfin, la route, construite par les détenus, rend possible le transport des matériels vers les tunnels, dont le creusement est entrepris en 1944.

Natzwiller – Struthof : place de la potence
Natzwiller – Struthof : place de la potence

L’ensemble concentrationnaire de Natzwiller -Struthof est un espace clos, séparé de l’extérieur, délimité par une clôture électrifiée ; les gardiens patrouillent le long de la double rangée de barbelés de 3 mètres de haut, jouxtant un périmètre déboisé de façon à rendre les tentatives de fuites impossibles. Les seuls contacts extérieurs, étroitement surveillés, se font avec les employés des entreprises qui travaillent à la carrière ou sur les divers chantiers.

Le Camp a une capacité de 3 000 places. Il en recevra de fait près de 7 000… Il est prévu pour accueillir quatre groupes de détenus :

  • 1° les condamnĂ©s de droit commun ;
  • 2° les politiques ;
  • 3° les objecteurs de conscience ;
  • 4° les Juifs.

Au départ les effectifs de Natzwiller sont formés de droits communs et d’asociaux venant de Sachsenhausen et de Dachau pour construire le camp et en constituer l’administration interne. Peu à peu arrivent des détenus de tous horizons : des Alsaciens, des Français, des Polonais, des Russes,des Norvégiens, des Néerlandais, des Luxembourgeois et des Allemands, ainsi que quelques Tziganes, et naturellement des Juifs. Des femmes aussi, mais qui se retrouvent dans les kommandos extérieurs.

Struthof : 
« Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent,  
Nus et maigres, tremblants dans ces wagons plombés,   
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants,  
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers… »  
<cite>Jean Ferrat Nuit et brouillard. </cite
Struthof :
« Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent,
Nus et maigres, tremblants dans ces wagons plombés,
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants,
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers… »
Jean Ferrat Nuit et brouillard.

Le camp se spécialise rapidement pour accueillir les «Nacht und Nebel Häftlinge», politiques destinés à disparaître dans la « Nuit et le Brouillard ». Les premiers convois « N.N. », dont 168 Français, arrivent au début de juillet 1943. Dès la quarantaine, les détenus sont divisés entre « NN » et les autres. Les « NN » ne doivent plus avoir de contacts avec les autres. Une grande croix rouge est peinte sur leur veste et une bande latérale sur chaque jambe du pantalon. Ce sont des cibles privilégiées…

Struthof : une des baraques témoins
Struthof : une des baraques témoins

La garnison compte environ 200 SS et 30 administratifs. Au commandement du camp se succèdent Huttig, de mai 1941 à février 1942, Egon Zill, de mai à octobre 1942, Josef Kramer, du 25 octobre 1942 au 4 mai 1944, Fritz Hartjenstein, venant d’Auschwitz, du 5 mai au 23 novembre 1944, et à nouveau Kramer du 24 novembre 1944 à la fin du camp (décembre), avant qu’il n’aille servir à Bergen Belsen. Parmi les adjoints, Horst Volkmar, de 1941 à 1943, et Heinrich Ganninger, chargé de ce poste en 1944. Le Schutzhaftlagerführer est plus particulièrement responsable des détenus. Les frères Wolfgang et Josef Seuss, brutaux et particulièrement sadiques, se distinguent dans cette fonction.

Natzwiller – Struthof : la villa du commandant du camp
Natzwiller – Struthof : la villa du commandant du camp

La rotation des personnels SS s’effectue selon des critères d’efficacité : respect de la discipline, application de la répression et rentabilité économique. La garde est assurée par des SS Totenkopf (« têtes de mort », insigne qu’ils arborent sur leur uniforme et leur casquette), qui ne dépendent ni de la Wehrmacht, ni de la Police. Au nombre de 180 en 1942, leur effectif augmente en proportion de celui des internés. Au mois de septembre 1944, avec l’évacuation du camp principal, la garnison est réorganisée en dix compagnies de garde, réparties dans les différents lieux de détention et de travail.

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