Le camp de concentration de Theresienstadt
2. Histoire
Le camp des « Juifs spéciaux »
Le centre de déportation
Le « Paradiesghetto »
DĂ©portations et fin du camp
2.1. Le camp des « Juifs spéciaux »
Courant 1941, Heydrich décide de créer une ville-ghetto susceptible d'accueillir les Juifs du Reich de plus de 65 ans, les juifs du Reich anciens combattants décorés, les grands mutilés de guerre, les juifs « proéminents » ayant contracté un mariage mixte, avec femmes et enfants ou ceux encore possédant des relations importantes : soit tout de même un nombre d'environ 30% de la population totale des juifs du Reich (85.000 individus sur un total de 280.000).
Pourquoi ? Heydrich veut éviter les « interventions » en faveur de cette catégorie de personnes. Par ailleurs, comme les Juifs âgés ne peuvent travailler, il est inutile de chercher à les « réinstaller » à l'Est pour travailler... En créant la « Wohnsitzverlegung nach Theresienstadt », la « réinstallation vers Theresienstadt », Heydrich perpétue et renforce la légende de la « Réinstallation » douce...
La question des anciens combattants reste en effet très délicate : ils se sont battus pour l'Allemagne ; ils ont un défenseur prestigieux, la Wehrmacht. Cela n'empêche pas la déportation des moins « méritants », des moins « qualifiés » qui n'étaient pas invalides à 50% ou qui n'avaient pas la croix de fer de première classe : Ils seront envoyés dans les centres de mise à mort. Les « méritants » et les « qualifiés » iront donc à Theresienstadt, concession accordée à l'Armée.
Le 23 novembre 1941, les 1.000 premiers détenus arrivent à Terezin après l’entière évacuation par sa population tchèque. Jusque fin mai 1942, 28.887 juifs du Protektorat entrent dans le camp, soit 1/3 de la population de Bohème - Moravie. Il s’avère rapidement que le ghetto Theresienstadt est beaucoup trop petit. Aussi les déportations commencent assez tôt : en janvier 1942, le premier convoi de 2.000 Juifs part pour Riga, et la mort… et la menace de déportations régulières sème la terreur dans la ville… En septembre la ville compte 53.004 habitants, notamment avec l’arrivée de milliers de Juifs allemands. Durant ce mois, 18.639 personnes arrivent, mais 13.004 sont déportées…
En tout, 140.000 personnes, femmes, enfants, vieillards, vont passer par cet « établissement Juif » (« Judensiedlung ») appelé aussi « ghetto des vieillards » (« Altersghetto »), certains pour quelques mois, d'autres pour toute la durée de la guerre. A la tête du ghetto, le Haupsturmführer SS Siegfried Seidl, puis le Hauptsturmführer SS Anton Burger et enfin le Hauptursmführer SS Karl Rahm, tous autrichiens et hommes d'Eichmann.
La ville est administrée dans une relative autonomie par un « Judenrat », « Conseil des Anciens Juifs », dont plusieurs membres avaient occupé des fonctions similaires à Prague et ailleurs : ce seront successivement Jakub Edelstein, le Dr Paul Eppstein, le Dr Murmelstein. Ce conseil aura plus tard la terrible tâche de remplir les transports avec le nombre requis de déportés. Avec une fourberie démoniaque, les nazis dictent le nombre des victimes à envoyer à l'est tout en faisant porter la responsabilité des sélections aux juifs eux-mêmes. Ainsi, les juifs doivent choisir d'envoyer à la mort leur propres amis, proches ou membre de leur famille. Cette situation cynique, insupportable, finit par détruire ceux qui sont chargés de faire les sélections.
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