Alsace : la maison alsacienne
5.10. La maison de la plaine de Haute Alsace
Les « Fermes forteresses »
Les petites habitations
A voir dans la plaine de Haute Alsace
Par opposition à l'égalitaire Sundgau, la plaine de Haute Alsace traduit à travers ses villages les clivages de la société rurale. Ainsi à Dessenheim, un exemple de village de la Harth, les quelques grandes fermes bordant la rue principale dominent littéralement les petites maisons d'ouvriers agricoles.
Le type le plus ancien est représenté par une maison de Fessenheim. Bâtie en longueur, parallèle à la rue, elle appartenait sans doute initialement au type de la maison-bloc. Son ossature est remarquable par l'emploi de poteaux fortement dimensionnés, prenant toute la hauteur des murs gouttereaux. Ce principe des « bois longs » sur deux étages est peu fréquent en plaine et ne concerne que les maisons les plus anciennes, antérieures à 1700 (Durrenentzen, Bantzenheim).
On peut reconnaître à la plaine de véritables spécificités architecturales : si à l'extrême sud de la Haute Alsace comme à Ottmarsheim les structures de pans de bois des grandes maisons sont d'inspiration sundgauviennes, plus au nord se font ressentir les emprunts à l'architecture du vignoble du piedmont : sans doute les charpentiers étaient-ils les mêmes.
5.10.1. Les « Fermes forteresses »
C'est dans l'organisation des bâtiments que cette architecture affirme son originalité, avec le principe de la grande cour fermée : les granges alignées sur un front tracé au cordeau (Munwiller) parfois tributaire du tracé de fortifications (Sainte-Croix-en Plaine) forment un des côtés d'un carré délimité par des annexes, la maison d'habitation et un porche voûté, doublé d'une entrée piétonne. Un pigeonnier, tourelle appliquée contre la grange ou planté en élément central de la cour, confère à l'ensemble .sa monumentalité, alors que l'habitation elle-même peut être de dimension assez modeste. La Harth est également zone de diffusion des « Hofzeichen », emblèmes familiaux ignorés ailleurs en Haute Alsace. On constate ici une corrélation étroite entre une architecture très fermée, et le culte de la lignée familiale. Le phénomène des porches apparaît dès les années 1540 et se prolonge jusqu'à la fin du XIXè siècle.
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