Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2ième guerre mondiale)
84. Leczyca
Leczyca est une ville dans la voïvodie de Lodz, en Pologne centrale. Les Juifs y forment des 1453 une des plus anciennes communautés de Pologne. En 1569 la ville compte 19 maisons juives et les listes d'impôts mentionnent 115 Juifs. En 1639 éclate une grave affaire de meurtre rituel: le corps mutilé d'un garçon est découvert et 20 Juifs sont accusés, condamnés à mort par le tribunal royal de Lublin et exécutés. En 1652, le roi Jean Casimir permet aux Juifs de reconstruire leurs maisons et la synagogue. Le 4 octobre 1656, durant la guerre de Suède, la population juive de la ville est massacrée par les troupe polonaises: on estime le nombre de morts entre 1.700 et 3.000… En 1665, il n’y a plus que 5 maisons juives dans la ville…
La population juive augmente à nouveau début XVIIè et selon le recensement de 1765, il y 607 Juifs dans la ville et dans les 83 villages de la province. De 999 (49% de la population totale) en 1808, la population juive passe à 1.797 (45%) en 1827, à 2.286 en 1857, à 3.444 en 1897 malgré un important mouvement migratoire vers Lodz, et 4 4.051 (40% de la population) en 1921.
Lorsque la Wehrmacht entre dans la ville le 7 septembre 1939, il y a environ 4.300 Juifs à Leczyca. Immédiatement les Allemands s’emparent des élites juive et catholique et les enferment, la première dans le synagogue, la seconde dans l’église. Ces otages sont forcés de travailler aux fortifications. Les Allemands se retirent temporairement après une contre attaque polonaise, mais reviennent rapidement. La veille du jour du «Grand Pardon», les Nazis prennent 50 otages Juifs, dont le rabbin et les chefs de la communauté, ainsi que 100 otages catholiques en garantie de la sécurité des soldats allemands établis dans la ville. Tous les otages sont libérés plus tard excepté le rabbin et plusieurs dignitaires pour la libération desquels le Judenrat, à peine constitué, doit payer 1.000.000 de zlotys. Une partie de cette rançon a dû être «récoltée» par le Judenrat avec l'aide «musclée» de la police.
En décembre 1939 des familles juives sont expulsées des rues et des bâtiments situés près du marché et sont isolées dans un ghetto bien trop petit. Pour les humilier encore plus, les Allemands forcent les Juifs à détruire leur propre cimetière et à mettre le feu à leur synagogue. Le Judenrat est ensuite obligé de signer une déclaration proclamant que cet «incendie criminel» a été commis par les Juifs ; aussitôt une lourde amende est imposée à la communauté.
En janvier 1941 tous les Juifs sont convoqués sur la place du marché avec leurs ustensiles de cuisine et de la literie. Environ 600 personnes sont sélectionnés et envoyées à Poddebice. Un second groupe de 450 personnes est envoyé à Grabow. Le quartier Juif est ensuite entouré de barbelés et, en raison de la famine et du manque de chauffage, des épidémies éclatent. La liquidation finale du ghetto a lieu les 10 et 11 avril 1942: les 1.750 Juifs restants sont envoyés au camp de la mort de Chelmno.
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