Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2ième guerre mondiale)
155. Haute Silésie Orientale
«Ostoberschlesien» en allemand, la Haute Silésie Orientale est une zone fortement industrialisée se situant à à l'est de la Silésie polonaise (Slask) incorporée au Reich. Son centre est Zaglebie.
Dès le début de l’occupation, les Allemands s’emparent des mines et des grandes usines: le 17 novembre 1939, la «Haupttreuhandstelle Ost» (bureau principal de tutelle à l'est) confisque toute la propriété juive. Mais, étant donné leurs situations spécifiques (travailleurs spécialisés ou hautement qualifiés), les Juifs de la région sont relativement épargnés par rapport aux autres Juifs polonais, et leurs chances de survie beaucoup plus grandes. Ainsi la plupart est maintenue sur place, et seuls 1.500 Juifs sont déportés en octobre 1939 dans le cadre de l’opération «Nisko», alors qu’arrivent 5.000 Juifs de la Silésie polonaise au printemps 1940.
Un «Judenrat central» («Zentrale der Judischen Altestenrate in Ostoberschlesien») est établi début 1940 et représente environ 45 communautés de la région avec une population totale d’environ 100.000 Juifs. Les grandes communautés relevant de la Zentrale sont celle de Bedzin (24.495), Sosnowiec (22.407), Chrzanow (6.807), Zawiercie (6.030), Dabrowa Gornicza (5.663), Oswicim-Auschwitz (5.372), et Olkusz (2.707). Son président est Moshe Merin qui mène une politique d’obéissance absolue aux nazis pour sauver sa communauté. De plus, il s’implique énormément pour ses coreligionnaires (vie culturelle, assistance, éducation) et acquiert une grande légitimité, bien que certains le considèrent comme l’homme de paille des Allemands. Aucun ghetto fermé ne sera installé avant le printemps 1943. La nourriture est relativement suffisante et les restrictions de déplacement ne sont mises en oeuvre que graduellement.
Dans la région, c’est la fameuse organisation «Albrecht Schmelt» qui est le principal employeur. La grande majorité des Juifs de la zone travaille pour elle. Le Judenrat et la police juive jouent un rôle très actif en organisant les transports de jeunes Juifs dans les camps de travail de l’organisation. Pendant longtemps, celle ci protège les Juifs. Avoir sur ses papiers un tampon de l’organisation est un véritable viatique. Mais cela ne va pas durer.
Entre mai et début juillet 1942 la plupart des petites communautés de la Haute Silésie Orientale sont liquidées. Les Juifs «improductifs» sont envoyés à Auschwitz, les jeunes envoyés dans divers camps de travail, et le reste de la population active concentré dans dix grandes villes. Dans celles-ci, pour faire de la place, des milliers de Juifs «improductifs» sont sélectionnés et envoyés à Auschwitz. Le processus atteint son apogée en août 1942, lorsque les Allemands expulsent environ 25% des Juifs de Bedzin, Sosnowiec, et Dabrowa Gornicza à Auschwitz. Les survivants sont placés sous l'autorité de l'organisation Schmelt. Comme le Judenrat et la police juive ont pris une part active dans la vague des déportations, le ressentiment envers Merin et la police juive devient véhément.
La situation se calme relativement, car aucune grande déportaion vers Auschwitz n’à lieu pendant un an, hormis la liquidation de la communauté juive de Chrzanow en février 1943. Merin regagne le terrain perdu. Cependant, un de effets de la perte de confiance en Merin après la première vague de déportation est d’activer la résistance des organisations juives qui mettent en place des plans de révolte et envoient des émissaires à Varsovie pour soutenir la révolte. Un atelier cladestain de fabrication d’explosifs est mis sur pied, et de nombreuses caches sont aménagées dans le ghetto. En juillet 1943, vingt membres du mouvement tentent d’établir le contact avec la résistance polonaise, mais ils sont surpris par les Allemands et fusillés. Puis, au printemps 43, Merin fait arrêter et remettre aux Allemands huit jeunes suspectés d’activisme communiste ; tous sont exécutés.
Au printemps 1943, un ghetto est créé à Zaglebie. Les Juifs de Bedzin sont concentrés dans le ghetto de Kamionka et ceux de Sosnowiec dans le ghetto de Srodula. Peu après la décision est prise de liquider les ghettos. Le 21 juin 1943, Merin et plusieurs responsables du Judenrat sont déportés à Auschwitz ; le jour suivant de nombreux Juifs de Bedzin et de Sosnowiec sont déportés. Suivent les communautés de Czeladz, de Strzemieszyce, et de Modrzejow. Le 1 août 1943 les ghettos de Bedzin et Sosnowiec sont définitivement liquidés et plus de 30.000 Juifs envoyés à Auschwitz. Les Allemands rencontrent une petite résistance de quelques Juifs. Le 26 août la dernière communauté de la région, Zawiercie, est liquidée. Environ 1.300 Juifs sont «conservés» pour trier tous les objets et affaires récupérés… En janvier 1944 ils sont à leur tour expédiés à Auschwitz.
Environ 80 membres et sympathisants de l'organisation sioniste «ha-No'ar ha–Tsiy», réussissent à s’échapper vers Budapest. En décembre 1943 un autre groupe de 25 membres de l’organisation «Haluts» réussissent à passer. Enfin de nombreux Juifs isolés, entre quelques douzaines et une centaine, ont réussi à passer en Slovaquie et en Hongrie.
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