Le système concentrationnaire nazi
3.3. Etape 3: l’apogée des camps et la Solution Finale : hiver 41 – automne 44
L’aggravation de la terreur
La primauté de la finalité économique : les « camps de la mort lente »
La mise en oeuvre de la « solution finale »
3.3.1. L’aggravation de la terreur
Suite à l'opération Barbarossa et à la mondialisation du conflit, et bien que la domination du Reich s’étende désormais à tout le continent ou presque, le réseau des camps déjà tissé est si dense que le nombre de camps n’augmente plus guère. Par contre les effectifs des camps et surtout des commandos continuent à gonfler, car la résistance acharnée de l’Armée rouge et le développement des luttes clandestines dans tous les pays occupés obligent les nazis à développer et à durcir encore la répression à l’échelle européenne. Ce durcissement se ressent à l’intérieur du camp et les conditions de vie ne vont cesser de se dégrader jusqu’à la fin, la perspective d’une défaite rendant les SS de plus en plus durs…
L’aggravation de la terreur est très rapide ; c’est d’abord, le 13 mai 1941, le « Kommissarbefehl » (qui sera officialisé le 6 juin) : « Le caractère que présente notre guerre contre la Russie est tel qu'il doit exclure les formes chevaleresques... L'idéologie soviétique est aux antipodes de celle qui régit le national-socialisme... Par conséquent, les Soviets (Commissaires politiques) doivent être liquidés. Les soldats allemands coupables de contrevenir aux lois internationales de la guerre seront innocentés... ». Le « Kommissarbefehl » est mis en oeuvre par le général Keitel. Un accord entre la Wehrmacht et les SS prévoit une coopération sur le terrain. C’est ensuite, le 7 décembre 1941, le décret de l’OKW signé Keitel, le décret « Nacht und Nebel », « Nuit et brouillard », (citation d’une phrase musicale de Wagner, empruntée à une scène de « l’Or du Rhin », au cours de laquelle le nain Alberich devient invisible), qui ordonne de déporter sans jugement et dans le plus grand secret, sans laisser filtrer aucune nouvelle, tout adversaire de l’État national-socialiste, c’est-à -dire tout résistant potentiel. L’arrivée de nombreux détenus portant sur leurs vêtements les lettres « N.N. » a beaucoup frappé les autres déportés et ces lettres mystérieuses jouent un grand rôle dans l’imaginaire des camps.