Le ghetto de Bochnia
7. La seconde « Aktion »
Une deuxième « Aktion » a eu lieu le 10 novembre 1942. Tous les résidents de ghetto doivent se rendre à l'Appellplatz pour une sélection. Les fonctionnaires du Judenrat et les officiers nazis prévoient une « action en douceur » et une sélection d’un nombre relativement réduit de Juifs. Mais le souvenir de la première « Aktion » reste très vif et la plus grande partie de la population refuse de jouer avec sa vie : le grand nombre se cache et certains réussissent même à se sauver du ghetto et à filer dans d’autres ghettos plus petits des environs… Les ouvriers des ateliers sélectionnés pour rester au travail sont sortis temporairement du ghetto avec leurs familles par camions. Ils reviennent après la fin de l’« Aktion », deux jours plus tard.
La population de ghetto capturée est transportée par camions vers Belzec, alors que des centaines de personnes sont abattues sur place. Les nazis ne prennent plus la peine se sortir les malades des hôpitaux mais les tuent directement dans leurs lits… Les membres de l’Einsatzgruppe cherchent activement les personnes dans les caches, et chaque personne découverte est exécutée immédiatement, souvent à la grenade. Partout sont dispersés des corps humains, entiers ou en morceaux… Le nombre de personnes déportés est difficile à chiffrer, mais on sait que 1.780 personnes ont été épargnées et gardées pour le travail, et que de nombreuses personnes ont réussi à échapper au massacre.
Rapidement après cette action, le ghetto retrouve plus de 5.000 habitants. Cela est du aux méthodes des Einsatzgruppen, qui agissent un peu comme un renard fondant sur un poulailler : elles ciblent un village, fondent sur lui et massacrent ses habitants. Mais de telles actions ont pour effet d’effrayer les communautés des villages voisins qui n’ont alors qu’une priorité : partir le plus vite possible pour éviter d’être la prochaine cible et se réfugier de préférence dans un ghetto central et important où il est moins difficile de mettre en œuvre des stratégies de survie… Ainsi le ghetto de Bochnia devient la destination de beaucoup de réfugiés des villages environnants. D’autant que le « patron » de la Gestapo locale, Schömburg, 60 ans, est un SS « moins pire » sur les autres, qu’il traite les Juifs sans sadisme et qu’il n’est pas un antisémite forcené. Mais c’est un homme qui obéit aux ordres, et le moment venu de les exécuter, il n’a aucune espèce d’hésitation. Se réfugier à Bochnia est souvent une planche de salut pour les Juifs, mais en fin de compte c’est aussi se jeter dans la gueule du loup…
Chapitre précédent | Chapitre suivant |
Le ghetto de Cracovie
Le ghetto de Czestochowa
Le ghetto de Lwow-Lemberg
Le ghetto de Lublin
Le ghetto de Bialystok
Le ghetto de Grodno
Le ghetto de Przemysl
Le ghetto de Radom
Le ghetto de Siedlce
Le ghetto de Rzeszow
Le ghetto de Tarnow
Le ghetto de Kielce
Le ghetto de Zamosc
Le ghetto de Brody
Le ghetto de Jaworow
Le ghetto de Jozefow Bilgorajski
Le ghetto de Konskie
Le ghetto de Krasnystaw
Le ghetto de Lubartow
Les ghettos de transit de Izbica, Piaski et Rejowiec
Le ghetto de Miedzyrzec Podlaski
Le ghetto de Piotrkow Trybunalski
Le ghetto de Radomsko
Le ghetto de Rawa Ruska