Le Rhin
3.1. Histoire géologique
La configuration du Rhin actuel résulte de l'histoire géologique complexe du continent européen. L'orogenèse alpine, prédominante durant tout le Tertiaire, se montre décisive et provoque des réajustements tectoniques au niveau de l'Europe hercynienne, réajustements qui se répercutent à leur tour sur s réseaux hydrographiques. La formation du fleuve, relativement récente, est la conséquence de la réunion de plusieurs cours d'eau jadis indépendants.
Au pliocène, (entre 5 et 2 million d’années avant notre ère), alors que les principales unités structurales sont déjà en place, les eaux du domaine alpin s'évacuent vers l’est en direction de l'actuelle plaine hongroise. Plus au Nord, le « fossé rhénan » est déjà en place et la mer s’en définitivement retirée. Le Rhin primitif prend probablement sa Source au niveau du Kaiserstuhl et s'écoule vers le Nord en direction du bassin de Cologne (sous les eaux) à travers le Massif schisteux rhénan, soulevé à la suite de l’érection du massif alpin.
Schéma géologique de la plaine du Rhin supérieur |
A la fin du Pliocène les eaux des Vosges du Sud s’évacuent par la la Porte de Bourgogne par l'Aar, vers la plaine de la Saône et la Méditerranée. Mais à l'aube des temps quaternaires, la Trouée de Belfort se soulève et le secteur de Fribourg s’affaisse, obligeant l'Aar et ses affluents à prendre possession de la plaine d'Alsace-Bade, tandis que disparaît le seuil du Kaiserstuhl. Dans le même temps, le Rhin alpin continue de se diriger vers le Danube, et ce n'est qu'au Mindel-Riss (vers – 400 000 ans), par suite de mouvements survenus dans la zone affaissée du lac de Constance, que le fleuve s'oriente vers l'ouest en direction de l'Aar, selon son tracé actuel.
Le soulèvement alpin, entraînant celui du Jura, l’oriente vers le nord à travers forme le bassin d’effondrement entre Vosges et Forêt Noire. Dès lors, le fleuve se fraie un chemin dans ce fossé, charriant d’énormes masses de graviers et d’alluvions et remblayant le fossé sur une épaisseur pouvant atteindre 2 000m. Lorsque les glaciations prennent fin les matériaux qu’il charrie deviennent de plus en plus fins et se déposent en couches de limons et de sédiments, fertilisant le fossé. Le Rhin taille alors des terrasses alluviales et développe d’énormes méandres, chenaux, bancs et îles qui se modifient souvent à chaque crue du fleuve lors des fontes de neiges alpines (printemps - été). Sa largeur pouvait atteindre 20km... et avant le début de sa domestication, le paysage rhénan ressemblait presque au paysage amazonien: nombreuses îles (plus de 2 000 entre Bâle et Mannheim!), bras morts, forêt alluviale humide, marais... Il en résulte pour l’homme un environnement malsain, règne des fièvres et du paludisme et aussi de perpétuelles inondations dévastant champs et cultures. Mais comme par ailleurs les sédiments déposés donnent des terres très fertiles, l’homme cherche à domestiquer le fleuve : l’histoire du fleuve est celle de sa domestication.
Le Rhin d'aujourd'hui est donc un fleuve de formation récente dont l’alimentation est harmonieuse et équilibrée.
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