Les « Primitifs » italiens (Histoire de l'art)
7.2. Artistes et Å“uvres
Le Maître de la Vierge d’Humilité
Paolo Veneziano
Lorenzo Veneziano
Catarino
Barnaba da Modena
Jacobello del Fiore
Michele Giambono
7.2.6. Jacobello del Fiore
Jacobello del Fiore (actif entre 1394 et 1439) est formé à Venise dans la période de transition entre le byzantin tardif et le narratif gothique. Il travaille dans sa jeunesse surtout dans les Marches, à Teramo et Pesaro (« Polyptyque de la bienheureuse Micheline », Musées Municipaux). A la fin de la première décennie du XVè siècle, dans les « Scènes de la vie de saint Lucie » de la Pinacothèque Municipale de Fermo, Jacobello assimile les aspects les plus plaisants du discours narratif orné propre du gothique tardif que Gentile da Fabriano avait fait connaître à Venise avec les fresques du palais ducal. À partir de la deuxième décennie du siècle, il est au service de la république de Venise. Pour le palais ducal, Jacobello peint une « Justice entourée de deux archanges » oeuvre dans laquelle on décèle déjà les exubérances décoratives que caractérise la dernière production du peintre.
Jacobello del Fiore : couronnement de la vierge. 1438. Panneau de bois, 283 x 303 cm. Venise, Galleria dell’Accademia |
Sur un immense double trône gothique, Marie est assise avec Jésus qui lui place une couronne sur sa tête de sa main droite. La multitude des personnages comprimés dans un cadre strict met l'accent sur l'architecture rigide et cérémonieuse de la scène. A droite, des patriarches et des apôtres, à gauche les prophètes et des martyrs, en dessous des saints et des vierges saintes, reconnaissables aux phylactères qu’ils tiennent dans leurs mains. Les cellules du trône abritent les participants directs à l'événement ; les évangélistes en haut, les anges musiciens en bas, au nombre de 9, formant les piliers de la cour céleste. D’autres anges à droite et à gauche portent encensoirs et instruments de musique. De chaque côté de Marie et de Jésus, des angelots et des séraphins.
Les sept anges musiciens reflètent l’ambiance exubérante et panégyrique de la cérémonie de l’accueil de Marie au ciel. Leurs instruments, deux psaltérions presque identiques, un alto, un orgue portatif, une harpe, un luth et un tambourin - ne sont que des attributs et ne constituent pas un véritable orchestre. Curieusement, le peintre n'a utilisé aucun instrument à vent.La mince rangée de fleurs au bas du tableau indique que l’endroit est le jardin d'Eden. Le donateur de l'œuvre, Antonio Correr, évêque de Ceneda, est agenouillé à l’avant plan. Il a commandé ce travail pour le maître autel de l'église au maître vieillissant qui, en réalisant l’œuvre, s’est sans doute inspirée de Guariento, l’auteur d’une fresque sur le même thème, achevée en 1365 pour la grande salle du conseil (Sala del Maggior Consiglio) du Palais des Doges.