Alsace : l’art roman en Alsace
13.2. L'extérieur
La façade occidentale
Le chevet
La tour de croisée
L'église n'est pas celle qui fut érigée en 1095 sur ordre d'Hildegarde. Elle fut érigée entre 1150 et 1200 sur plan basilical avec nef à trois travées doubles, collatéraux à six travées, transept peu saillant à trois travées s'ouvrant à l'est sur le chœur flanqué de deux chapelles. La nef est précédée d'un porche à deux tours, et sur la croisée s'élève une puissante tour octogonale coiffée d'une flèche de pierre.
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Avant la restauration de 1892 les bas cotés étaient à deux étages et les trois nefs recouvertes d'une seule toiture à forte pente. Coté chevet la chapelle nord et son abside étaient tronquées, et celle du sud remplacée par une sacristie cubique.
Les restaurations furent heureuses dans la restitution de la silhouette romane des toitures, mais beaucoup moins dans le nouveau pignon qui surmonte la fenêtre de la tribune et dans le nouveau couronnement des tours. Corniches et fenêtres sont neuves (sauf deux, plus petites) et les murs gouttereaux de la nef ont été refaits.
Sélestat : Sainte Foy: les tours de la façade occidentale |
Les restaurations sont si nombreuses qu'il ne reste que deux éléments romans suffisamment intacts pour mériter étude : la façade et le chevet surmonté de la tour de croisée.
13.2.1. La façade occidentale
Deux tours élancées donnent le ton. Il y a opposition entre la nudité du soubassement et la richesse décorative des beffrois du porche.
Le beffroi de chaque tour comporte deux étages : celui du bas est orné sur chaque face d'une triple arcature aveugle retombant sur des colonnettes, les arcs étant percés d'ouies. L'étage du haut est ajouré sur chaque face de deux grandes baies géminées aux arcs à double ressaut richement sculptés, reposant au centre sur trois colonnettes, et aux extrémités sur deux colonnettes. Un cordon à billettes cerne les voussures et se continue en remontant en gradin jusqu'aux angles de la tour. Les horizontales marquent le massif : chaque tailloir des chapiteaux extrêmes est prolongé le long des tours aux deux étages, une corniche à billettes sépare les étages, et sous la flèche court une frise de feuilles à gordons.
Sélestat, église sainte Foy |
L'entrée du porche est surmontée de trois arcatures aveugles dans les archivoltes ornées de torsades retombent sur de fines colonnettes. L'arcature du centre en plein cintre est percée d'une grande arcade ronde ; celles des cotés, en ogive, sont percées de deux baies géminées. Sur les clés de chaque arc et sur leurs retombées reposent sept colonnettes supportant, à hauteur du ressaut du soubassement des tours, un bandeau à dessin de losanges doublé d'une frise à rosaces. Ce réseau d'arcatures n'a aucune fonction structurale. Par l'utilisation du grès rouge de Schirmeck et le granit gris d'Andlau, le maître roman a su faire vibrer et donner de la vie aux grandes surfaces nues et monotones des façades.