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Alsace, le temps du Reich : 1870-1918

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1.4. Le siège de Strasbourg

Plan du siège de Strasbourg, d’après une carte de l’état major allemand
Plan du siège de Strasbourg, d’après une carte de l’état major allemand

La forteresse de Strasbourg est, avec celle de Metz, considérée comme une des places les mieux défendues de France. L'armée de Werder est forte de 40 000 hommes ; elle se concentre principalement au nord ouest de la ville ainsi qu’à l’est, à Kehl, toute la zone sud étant inondée grâce au barrage Vauban. La ville est défendue par 17 000 soldats sous les ordres du général Jean Uhrich, et dispose de 250 canons.

Le général Uhrich, défenseur de Strasbourg en 1870
Le général Uhrich, défenseur de Strasbourg en 1870
Août 1870 : après la défaite de Froeschwiller, le gros des troupes françaises évacuent Strasbourg
Août 1870 : après la défaite de Froeschwiller, le gros des troupes françaises évacuent Strasbourg

Le 15 août, von Werder (« Von Mörder » pour les Strasbourgeois) prend le commandement du siège de la place forte et déploie ses troupes autour de la ville. Il dispose de 60 000 hommes et d’une artillerie de siège forte de 34 batteries alors qu’à Kehl sont déployées 6 batteries. Les Allemands mettent leur dispositif en place entre le 15 et le 22 août.

Strasbourg après le bombardement. Otto von Bismarck Stiftung, Friedrichsruh
Strasbourg après le bombardement. Otto von Bismarck Stiftung, Friedrichsruh

Mais Von Werder, conscient de la valeur symbolique de la capture rapide de la ville, refuse l’option du siège, certes plus humaine, mais beaucoup trop longue à ses yeux. Il décide de passer à l'action dès le début en bombardant les fortifications et la ville, certain que rapidement, les bourgeois demanderaient au général Uhrich de capituler rapidement.

Le Generalleutnant von Werder, commandant des divisions badoises, l’homme qui assiégea Strasbourg et que les Alsaciens surnommèrent « von Mörder », l’assassin
Le Generalleutnant von Werder, commandant des divisions badoises, l’homme qui assiégea Strasbourg et que les Alsaciens surnommèrent « von Mörder », l’assassin

Le 23 août, l’artillerie allemande commence le bombardement de la Citadelle qui en 24 heures reçoit 1 285 obus. Le 24 août, le bombardement s’étend à l’ensemble de la ville après un contre bombardement de l’artillerie française. Le centre ville est dévasté, la cathédrale est touchée et la bibliothèque incendiée. Le 26, à la demande de l'évêque de Strasbourg, von Werder fait cesser le bombardement de 4 heures à 12 heures. Puis il reprend et ne cessera plus.

Le général Uhrich durant le siège de Strasbourg. Dessin de Frédéric Regamey
Le général Uhrich durant le siège de Strasbourg. Dessin de Frédéric Regamey

Voyant que le bombardement ne produit pas l'effet escompté, von Werder décide l’attaque de la ville par le nord ouest et décide de travaux d’approches et faisant aménager 3 parallèles. Le 11 septembre, la garnison apprend par une délégation de volontaires suisses la défaite de Sedan. La ville est désormais livrée à elle-même.

Rencontre Napoléon III – Bismarck après Sedan
Rencontre Napoléon III – Bismarck après Sedan

Le 18 septembre une brèche est ouverte dans la lunette 53 des fortifications de la ville alors que la commission municipale de Strasbourg demande au général Uhrich d'entrer en contact avec le roi de Prusse pour traiter de la capitulation. A cette date, quelques 60 000 obus sont tombés sur la ville. Mais les combats se poursuivent sur les fortifications jusqu’au 27, date à laquelle les Allemands s’apprêtent à donner l’assaut final. Ce jour du 27 septembre, à 17 heures, le général Uhrich fait hisser le drapeau blanc sur la flèche de la cathédrale et sur les bastions 11 et 12. Le pilonnage de l'artillerie allemande cesse immédiatement.

Le siège de Strasbourg, août 1870
Le siège de Strasbourg, août 1870

Le 28, une convention est conclue à Koenigshoffen à 2 heures du matin. A 8 heures, la citadelle, les portes Nationale, Austerlitz et des Pêcheurs sont évacuées. La garnison est prisonnière de guerre. Les gardes nationaux et les francs-tireurs sont désarmés et restent libres. Le lieutenant-général von Ollech est nommé gouverneur militaire de la place forte tandis que le général von Werder est nommé commandant du XIVe corps d'armée qui a la tâche de s'emparer du reste de l'Alsace.

La capitulation de Strasbourg : reddition et départ des prisonniers Français par l’Illustrated London News du 15 Octobre 1870
La capitulation de Strasbourg : reddition et départ des prisonniers Français par l’Illustrated London News du 15 Octobre 1870

Les pertes civiles atteignent 261 tués et environ 1 100 blessés. Les pertes militaires, s'élèvent à 310 tués, 2 076 blessés et 55 disparus pour une garnison de 19 730 hommes. Côté allemand, on dénombre 181 tués, 724 blessés et 44 disparus. Du point de vue matériel, Strasbourg a souffert : 202 112 obus ont frappé la capitale alsacienne, soit en moyenne 5 770 obus par jour. Le jour de la capitulation, on dénombre 10 000 personnes sans abri. De nombreux monuments sont touchés : la cathédrale, le musée, l'hôtel de la préfecture, le théâtre, le palais de justice, le temple neuf, le gymnase protestant, l'hôtel de l'état major, la gare ferroviaire, la bibliothèque dont une grande partie de la collection a brûlé (Hortus deliciarum). Après le siège, les anciennes fortifications de la ville ne seront pas relevées mais condamnées à être détruites. Une nouvelle enceinte urbaine sera dressée à l'ouest.

Strasbourg: ce qui reste du Gymnase, ancien couvent des Dominicains ou « Prediger » après le terrible bombardement du 25 août 1870
Strasbourg: ce qui reste du Gymnase, ancien couvent des Dominicains ou « Prediger » après le terrible bombardement du 25 août 1870
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