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Alsace, le temps du Reich : 1870-1918

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6.1. Une vie culturelle riche

Jean Jacques Waltz, « Hansi », qui fit les délices des enfants et des patriotes en fustigeant le Prussien par ses dessins
Jean Jacques Waltz, « Hansi », qui fit les délices des enfants et des patriotes en fustigeant le Prussien par ses dessins

Après l'annexion, la politique des autorités consiste à rétablir la culture germanique des Alsaciens et à les intégrer dans l'espace culturel allemand à travers une politique linguistique et scolaire. L'allemand devient la seule langue administrative, sauf dans quelques dizaines de communes francophones des vallées vosgiennes. Une politique de germanisation s'étend à divers secteurs de la vie courante : enseignes commerciales, toponymie et prénoms.

Le système scolaire est germanisé dans ses méthodes, son esprit et sa langue. L'enseignement primaire devient obligatoire dès 1871, c'est-à-dire dix ans plus tôt qu'en France, alors que la gratuité est proposée progressivement par les communes. L'enseignement secondaire, dispensé en allemand lui aussi, connaît un remarquable essor.

En 1872 est fondée une université impériale de haut niveau, installée dans un nouveau campus avec bâtiments neufs et fonctionnels et symbolisée par le Palais universitaire. Elle acquiert une grande notoriété scientifique et compte environ 2 000 étudiants en 1914. Elle devient une des toutes premières universités en Allemagne et bénéficie de nombreux maîtres de grande réputation, dont quelques-uns ont obtenu un prix Nobel. Mais le corps professoral, dans lequel les Alsaciens d'origine ne constituent qu'une petite minorité, demeure en marge de la société strasbourgeoise et de l'environnement régional.

La vie culturelle et artistique a connu deux décennies très calmes entre 1871 et 1890, en raison du départ de la majeure partie des élites en France. Le paysage littéraire est structuré par trois courants majeurs, chacun s'exprimant dans une langue spécifique, dont le choix est rarement neutre. Les publications en français restent en effet autorisées.

  • Au début domine une littérature d'expression française, produite surtout à Paris par les optants, en particulier André Lichtenberger, poète et romancier, et Paul Acker, romancier. Les romans d'Erckmann-Chatrian, dont la publication se poursuit après 1870, animés d'un vif sentiment patriotique, voient leur impact renforcé. Édouard Schuré devient un défenseur passionné de l'Alsace française. Plusieurs écrivains français (Alphonse Daudet, René Bazin et Maurice Barrès) ont créé le « roman français de l'Alsace ». En Alsace le courant francophile est entretenu par la Revue alsacienne illustrée et Pierre Bucher, ainsi que par la satire et la caricature avec Henri Zislin et Hansi, auteur d'albums illustrés qui popularisent l'image naïve d'une Alsace tricolore et légendaire, inspirée par une germanophobie obsessionnelle.
    • La littérature d'expression allemande n'a suscité qu'un seul nom d'envergure, Friedrich Lienhard (1865-1929), devenu le promoteur du mouvement « Heimatkunst. »
    • Vers 1900 émerge une nouvelle génération soucieuse d'affirmer son alsacianité à la fois face à l'assimilation allemande et aux nostalgies du souvenir français. Elle suscite une importante littérature en alsacien, dans le domaine théâtral et en poésie avec les frères jumeaux Albert et Adolphe Matthis.
    • En 1902 apparaît un groupe de contestataires lié aux grands mouvements littéraires de la modernité et opposé aux trois courants dominants. S'en détachent trois figures, qui ont publié en 1902 la revue « Der Stürmer », et qui font par la suite une brillante carrière littéraire : René Schickelé, Otto Flake et Ernst Stadler.

    La presse a été brimée jusqu'en 1902 par le paragraphe dit « de la dictature », qui reprenait les termes de la loi française de 1849 sur « l'état de siège » et qui conférait au Statthalter le pouvoir de suspendre tout journal qui mettrait la sécurité en danger. Mais, après sa suppression, la presse a connu un développement extraordinaire.

    En 1913, on compte 17 quotidiens et 26 hebdomadaires, dont au moins un dans chaque chef-lieu d'arrondissement (Kreis) avec un tirage de 249 400 exemplaires. Le niveau intellectuel est souvent élevé et l'ouverture sur les problèmes extérieurs remarquable.

    Le besoin croissant de lecture entraîne un net développement des bibliothèques. À Strasbourg est fondée une bibliothèque universitaire et régionale, devenue, grâce à des directeurs dynamiques et des crédits substantiels, la première bibliothèque universitaire au monde en 1914. Une importante bibliothèque municipale est créée également à Strasbourg par Rodolphe Reuss. D'autres bibliothèques municipales se développent à Colmar, Sélestat et Haguenau. Dans les petites communes se multiplient les bibliothèques scolaires et paroissiales, tant protestantes que catholiques.

    A Strasbourg le Théâtre municipal connaît à partir de 1890 un grand essor, ce qui lui permet d'offrir durant huit mois de 220 à 280 représentations, dont des pièces du répertoire français classique (Molière) et des représentations de Richard Wagner.

    La musique est également bien représentée en Alsace. La période est marquée par l'influence grandissante de Richard Wagner, par la découverte de Jean-Sébastien Bach et par le succès des grands romantiques allemands.

    A Strasbourg, la vie musicale est dominée par Franz Stockhausen, directeur du conservatoire et de l'orchestre municipal, qui fait connaître les grands noms des diverses écoles nationales et les musiciens français contemporains. Plusieurs choeurs sont créés, les uns profanes, les autres paroissiaux. Le choeur de St Guillaume, en particulier, fondé par Ernest Munch, est devenu une véritable institution. L'Union catholique Sainte Cécile voit le nombre de ses chorales dépasser les 400.

    Les prix Nobel en Alsace

    Sous le Reichsland, cinq savants qui ont étudié ou enseigné à l’université de Strasbourg ont obtenu le prix Nobel:

    • Conrad Röntgen (1845-1923), prix de physique en 1901 (rayons X); En 1895, Conrad Röntgen réalise la première radiographie humaine au monde.
    • Adolf von Bayer (1835-1917), prix de chimie en 1905 (synthèse de l'indigo);
    • Paul Ehrlich (1854-1915), prix de médecine en 1908 (colorations vitales);
    • Karl Ferdinand Braun (1850-1918) prix de physique avec l'Italien Guglielmo Marconi (télégraphie sans fil);
    • Alfred Werner (1866-1919), prix de chimie en 1913 (chimie structurale minérale):
    • Alphonse Laveran, prix de médecine en 1907 pour ses travaux sur le paludisme, est un ancien interne titulaire des hôpitaux de Strasbourg et un médecin militaire français, qui a quitté l'Alsace après 1870 et qui est devenu professeur à Paris.

    L'Alsace a obtenu de nouveau trois prix Nobel après 1950 :

    • Albert Schweitzer, prix de la paix en 1952;
    • Alfred Kastler, prix de physique en 1966;
    • Jean-Marie Lehn, prix de chimie en 1987.

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