Alsace, le temps du Reich : 1870-1918
2.2. 17 février 1871: protestation à Bordeaux
Les élections du 8 février 1871
La protestation de Bordeaux
Les préliminaires de paix
2.2.2. La protestation de Bordeaux
Emile Kuss, maire de Strasbourg, sur les ruines de Strasbourg bombardée. Toile de T. Schurer. Kuss mourra, terrassé par le chagrin au moment de l’annexion de 1870. L’Alsace lui fera de grandioses funérailles |
En pleine négociation de paix, le 17 février, Keller proteste contre la volonté du gouvernement français de « Lâcher » l’Alsace-Lorraine, « comme Alsacien et comme Français, contre un traité qui est... une injustice, un mensonge et un déshonneur ». Il réitère sa protestation le 1 mars. Mais Thiers est intraitable. Même la mort subite de Kuss, terrassé par une crise cardiaque à Bordeaux le 1er mars 1871 et les grandioses funérailles que lui font les Strasbourgeois n’y changent rien. Une importante partie de la bourgeoisie alsacienne francisée décide d'émigrer en France. L'autre partie reste en Alsace et se livre à une propagande anti-germanique violente, qui, répercutée en France donnera aux Français une vision très déformée de la situation en Alsace.
La protestation de Bordeaux lue à l’assemblée le 1 mars 1871 |
Protestation lue à Bordeaux le 1er mars 1871, à la tribune de l'Assemblée Nationale, par le député Grosjean, au nom des 27 députés Alsaciens et Lorrains :
« Les représentants de l'Alsace et de la Lorraine ont déposé, avant toute négociation de paix, sur le bureau de l'Assemblée Nationale, une déclaration affirmant de la manière la plus formelle, au nom de ces deux provinces, leur volonté et leur droit de rester françaises. Livrés, au mépris de toute justice et par un odieux abus de la force, à la domination de l'étranger, nous avons un dernier devoir à remplir. Nous déclarons encore une fois nul et non avenu un pacte qui dispose de nous sans notre consentement. La revendication de nos droits reste à jamais ouverte à tous et à chacun dans la forme et dans la mesure que notre conscience nous dictera. Au moment de quitter cette enceinte où notre dignité ne nous permet plus de siéger, et malgré l'amertume de notre douleur, la pensée suprême que nous trouvons au fond de nos coeurs est une pensée de reconnaissance pour ceux qui, pendant six mois, n'ont pas cessé de nous défendre, et d'inaltérable attachement à la patrie dont nous sommes violemment arrachés. Nous vous suivrons de nos voeux et nous attendrons, avec une confiance entière, dans l'avenir, que la France régénérée reprenne le cours de sa grande destinée. Vos frères d'Alsace et de Lorraine, séparés en ce moment de la famille commune, conserveront à la France, absente de leurs foyers, une affection filiale, jusqu'au jour où elle viendra y reprendre sa place. »